"Se trimballer sa brosse à dents, son peigne... on est très loin des ors de la République" : le plan d'économie à l'Assemblée divise les députés
Le bureau de l'Assemblée nationale examine mercredi un plan d'économies au palais Bourbon. Les trois questeurs veulent réduire les dépenses de 15 millions d'euros par an dès 2019. Leurs pistes pour y arriver ne séduisent pas tous les députés.
Les députés vont-ils être mis au régime sec ? Les trois questeurs de l'Assemblée nationale, qui tiennent les cordons de la bourse, ont en tout cas élaboré tout un plan d'économies pour le palais Bourbon. Le bureau de l'Assemblée examine, mercredi 8 novembre, la première partie de ce plan.
Le budget de l'Assemblée nationale s'élève, pour l'instant, à 550 millions d'euros par an. Avec ce plan d'économies, les députés pourraient être amenés à économiser 1 million d'euros dès cette année, puis 10 millions en 2018 et 15 millions d'euros chaque année à partir de 2019.
Chambre d'hôtel ou chambre bureau ?
Un des principaux postes d'économies concerne le logement des députés lors des sessions parlementaires à l'Assemblée. Ils ont pour l'instant le choix entre une chambre d'hôtel ou une chambre-bureau au sein du palais Bourbon. Pour le député divers gauche de Charente-Maritime, Olivier Falorni, après une journée et une nuit de débats à l'Assemblée, le choix est vite fait : "Je préfère aller à l'hôtel parce que je suis comme tout le monde, je vieillis, et il est parfois plus confortable de dormir sur un vrai matelas." Olivier Falorni ne voit pas cette préférence comme une exigence incompréhensible.
Je n'ai pas le sentiment que ce soit du luxe et que l'on dérape en termes financiers. Si l'on veut être efficace dans la journée, on n'a pas vocation à dormir n'importe où.
Olivier Falorni, député Divers gauche de Charente-Maritimeà franceinfo
D'autres députés font le choix de la chambre-bureau au sein du palais Bourbon. Il s'agit d'une pièce de 9m² dans laquelle les parlementaires disposent d'un bureau, d'un clic-clac et parfois d'une salle de bains avec toilettes. Si Philippe Gosselin, élu Les Républicains de la Manche, reconnaît volontiers que son bureau est "confortable" avec un "mobilier très contemporain", il précise cependant que ce n'est pas le grand luxe non plus. "Quand on ouvre [le clic-clac], il n'y a plus de place pour le bureau. On y passe plusieurs nuits par semaine et on est très loin des ors de la République. Se trimballer dans son sac sa brosse à dents, son peigne, etc., ce n'est pas si simple que ça."
Airbnb, colocation ou location d'un studio
Reste que, chambre d'hôtel ou chambre-bureau, les frais d'hébergement des députés sont trop élevés, selon les questeurs de l'Assemblée nationale. Thierry Solère, l'un deux, a donc une solution toute trouvée. "Les parlementaires sont comme les Français. Ils préfèrent souvent des colocations que des chambres pour eux tout seuls, ils préfèrent avoir un petit studio plutôt que d'aller à l'hôtel toute l'année et ils préfèrent parfois un Airbnb plutôt qu'une chambre d'hôtel." Il est convaincu que les usages doivent évoluer au palais Bourbon.
C'est permis et c'est plus moderne et plus ouvert de le permettre également à l'Assemblée. C'était déjà le cas au Sénat depuis des années
Thierry Solère, député Les Constructifs et questeur de l'Assemblée nationaleà franceinfo
Pas de colocation en vue pour Erwan Balanant, le député MoDem du Finistère loue un appartement tout près du palais Bourbon. Pour le payer, il pioche dans les 5 000 euros de son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM). "Si je n'avais pas fait ce choix-là, j'irais à l'hôtel et ça coûterait presque deux fois plus cher à l'Assemblée", assure le parlementaire. Cette solution présente également plusieurs avantages pour sa vie personnelle. "Ça me permet de continuer à avoir une vie familiale et de rentrer sereinement en circonscription. Je travaille dans ma circonscription du jeudi au lundi, avec le weekend. Il y a des équilibres à trouver."
Si tous ses collègues se disent prêts à s'adapter aux mesures d'économies qui seront validées, les députés jugent qu'avant même de penser à des mesures de restrictions, les questeurs eux-mêmes devraient renoncer "à leur luxueux appartement de fonction".
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