Taxe d'habitation : "Il va subsister un profond désaccord" avec Emmanuel Macron, estime l'Association des maires de France
Le chef de l'État a reçu des maires à l'Élysée mercredi. Ils ont notamment discuté de la suppression de la taxe d'habitation. Les élus locaux réclament une nouvelle recette pour pouvoir mieux gérer les finances localement.
L'Association des maires de France (AMF) et le président de la République ont échangé mercredi 21 novembre à l'Elysée sur la suppression de la taxe d'habitation, et la nécessité selon les maires d'une recette compensatoire. Le chef de l'État a reçu quelque 2 000 élus à l'Élysée. Selon Philippe Laurent, secrétaire général de l'AMF, les maires ont été écoutés mais "c'est la réponse qui, pour l'instant, ne nous satisfait pas".
franceinfo : Êtes-vous satisfait de votre débat avec Emmanuel Macron ?
Philippe Laurent : Je crois que le président de la République a montré qu'il était conscient du rôle important des maires, surtout dans la période actuelle, parce que les maires assurent le lien social avec la population. (…) L'une des principales questions qui nous importaient, au-delà de celles concernant la vie de tous les jours de nos communes, c'était : est-ce que le président de la République croit vraiment à la nécessité de la décentralisation ? Et à cette question-là, il n'a pas répondu directement, mais il a dit simplement de manière très claire qu'il ne croyait pas à l'autonomie fiscale et financière des collectivités territoriales. Pour nous, il y a un lien absolument évident et essentiel entre une vraie décentralisation telle que celle qui s'est développée depuis maintenant 40 ans et cette autonomie fiscale et financière. Il l'a dit notamment sur la question de la taxe d'habitation, qui est un impôt très important pour les communes, 30 % de leurs recettes à peu près, et qui va disparaître. On ne sait pas comment elle sera compensée, mais ce que nous demandons c'est qu'elle soit compensée par une recette sur laquelle nous avons une maîtrise, même une maîtrise encadrée, parce qu'il ne peut pas y avoir véritablement de choix politiques locaux, s'il n'y a pas de choix politiques fiscaux locaux.
Que vous a répondu Emmanuel Macron ?
Il répond qu'il n'y croit pas. Il pense que nous pouvons gérer nos collectivités locales uniquement avec des dotations en provenance de l'État qui peuvent varier donc au gré de la volonté de l'État et du Parlement, et on a bien vu par le passé, ces dernières années, que ces dotations pouvaient être diminuées simplement par la loi toute simple, sans aucune garantie constitutionnelle. Sur ce point-là, je crois qu'il va subsister un profond désaccord. Nous avons été écoutés puisque la question a été parfaitement claire et puisqu'elle a été comprise, mais c'est la réponse qui, pour l'instant, ne nous satisfait pas. Nous sommes prêts à continuer à discuter et à essayer de le convaincre que dans un pays développé comme le nôtre, compte tenu de la souplesse dont nous avons besoin dans ce contexte extrêmement mouvant, nous avons absolument besoin, pour réussir le redressement du pays, de cette décentralisation.
Selon l'Élysée, le président de la République a demandé à l'AMF d'arrêter "les fausses polémiques" et la "scénarisation des désaccords", c'est vrai ?
Oui, il a employé ces mots, le Premier ministre aussi d'ailleurs, qui a regretté la façon de faire. Mais d'un autre côté, il faut aussi savoir comment se faire entendre. Nous sommes amenés à mobiliser les membres de l'AMF, 34 500 maires sur 35 500, donc une écrasante majorité. Nous sommes amenés à montrer qu'il ne s'agit pas simplement de la revendication de quelques-uns mais qu'il s'agit véritablement des revendications de l'ensemble des maires de France.
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