"C'est vraiment en flux tendu" : une pénurie de bois inquiète bricoleurs du dimanche et professionnels du bâtiment
Le secteur du BTP et les enseignes spécialisées craignent une pénurie de matériaux. Les cours du bois de construction s'envolent et les délais d'approvisionnement s'allongent, alors que la demande est forte.
Pour sa maison de Pleumeur-Bodou, dans les Côtes-d’Armor, Didier était parti dans une grande enseigne de bricolage à la recherche de bois pour refaire une terrasse. "Renseignement pris, indique-t-il, ils nous ont dit de nous dépêcher de commander parce qu'ils en ont de moins en moins et que les prix augmentent." Avec le confinement, la pénurie guette et le prix des matières premières s’envole. Le bois ne fait pas exception, suscitant les inquiétudes des bricoleurs amateurs et celles des professionnels du BTP, qui avait alerté sur la situation le mois dernier.
Pourtant, si les supermarchés de bricolage connaissent effectivement quelques difficultés d’approvisionnement, il n'y a pas encore de pénurie, insiste Laurent Pussat, le président de Bricomarché, BricoCash et Bricorama, qui évoque des difficultés passagères causées par deux paramètres : "On a eu une invasion des pins par les scolytes, un parasite qui fait mourir les arbres sur pied. Et puis aussi un appel d'air des Etats-Unis pour reconstruire, parce que suite aux ouragans et aux incendies de 2020, ils ont beaucoup de besoins." Pour ne rien arranger, comme l'ex-président des États-Unis Donald Trump a instauré il y a trois ans une surtaxe sur les importations de bois canadien, les acheteurs américains viennent se fournir en Europe.
Du stock, mais des prix en hausse
Reste que, du côté des supermarchés de bricolage, on l’assure, les stocks sont encore là, ce qui n’est pas forcément le cas chez les professionnels. En pleine pose d'une terrasse bois, Erwoan Pouchain, menuisier à Langoat, dans les Côtes-d’Armor, est plutôt inquiet. "Pour l'instant, on le sent pas encore, indique-t-il. Mais mes fournisseurs me parlent d'une pénurie à venir. Les prix augmentent : on parle d'une hausse de 60%." "C'est vraiment en flux tendu et la demande est très, très forte, déplore le menuisier. Tout l'immobilier s'est envolé, donc c'est une clientèle potentielle qui va arriver et il n'y a pas plus de matière..."
"Pour les devis, il faut anticiper mais le vrai risque, c'est que cela ne signe plus..."
Erwoan Pouchainà franceinfo
Le risque : que tout le monde se retrouve au chômage technique. Une situation potentiellement dramatique alors que l’année avait plutôt bien démarré, explique Jean-Christophe Repon, le président de la Confédération des artisans du bâtiment (Capeb). "On a pas mal de devis signés et on s'interroge beaucoup. Comment on va pouvoir tenir ces prix qu'on a signés il y a trois mois avec ces augmentations ? Cela représente parfois 40%, 50%. C'est compliqué pour nous et c'est autant de pouvoir d'achat en moins pour le particulier à la sortie." D’autant que cette pénurie, doublée d’une hausse des prix, ne touche pas que le bois : l’acier, par exemple, a vu ses cours bondir de 50% à 80%, selon un pointage du ministère de l’Économie.
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