Reportage "On ne sait jamais ce qu'il y aura dedans !" : la revente des colis perdus attire de plus en plus d'adeptes

C'est un concept qui cartonne sur les réseaux sociaux : celui des colis perdus rachetés au poids par des particuliers, qui n'hésitent pas à les déballer en vidéo. Mais attention aux arnaques.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des colis perdus rachetés pour quelques dizaines d'euros. Image d'illustration. (PATRICE MASANTE / MAXPPP)

Quand les colis perdus deviennent des cadeaux surprises : une tendance qui cartonne ! Le principe : acheter au poids des colis perdus, non délivrés à leurs destinataires, avec l'espoir de tomber sur un trésor. Comptez 10 euros le kilo de colis perdus. Sur les réseaux sociaux, les vidéos d'influenceurs qui se filment en déballant ces boîtes mystères font des milliers de vues.

Tout part d'un entrepôt : le plus grand de France se trouve dans l'Orne, en Normandie. Avant d'être revendus au poids, les colis perdus y sont stockés sur des palettes qui montent jusqu'au plafond, dans un espace de la taille d'un supermarché. "On a reçu 12 tonnes de Shein il y a quelques jours", indique Wiliam Mourrière, co-fondateur de l'entreprise Flamingo box. Avec son entreprise, il rachète ces colis perdus aux plateformes, comme AliExpress, Wish ou Amazon. Sur son site, on peut en commander cinq, dix ou vingt kilos, sans savoir ce qu'ils contiennent. "Ces colis-là, on les appelle des petits colis perdus, explique-t-il. Une personne a fait une commande à l'autre bout de la terre et a mal noté son adresse, ou bien elle a déménagé sans l'indiquer. Ce sont tous des colis non réclamés. On ne sait pas ce qu'il y a dedans, on ne veut pas le savoir car c'est ça le business model que j'avais imaginé : c'est de ne faire que des colis surprise."

"C'est comme un Noël !"

Avant, ces colis étaient brûlés, mais depuis la loi anti-gaspi de 2022, il est interdit de détruire des produits neufs, hors alimentaire. Depuis, ils font des heureux : Bertille, commerçant à l'Aigle, en Normandie, est devenue adepte. "On s'est éclatés à ouvrir ça devant la télé un soir, raconte-t-il. C'est comme un Noël : on ouvre et c'est la grande surprise à chaque fois, on ne sait pas ce qu'il y aura dedans." Et il a eu de bonnes surprises, confie-t-elle : "Ça nous est arrivé de trouver des pantalons, des chaussures, des lampions, des coques de téléphone. Ma fille a récupéré un petit sac à dos, des pulls à capuche. Beaucoup de textile : si c'est la bonne taille tant mieux, si ce n'est pas la bonne taille, on offre à des amis ou on met sur des sites de revente."

"C'est comme un ticket de grattage : il y a des gens qui mettent 10 euros par semaine dans des tickets de grattage, là il faut mettre 108 euros dans un colis de 10kg. Mais le grattage, si c'est 0 c'est terminé, alors que le colis, on est sûr d'avoir des choses à découvrir."

Bertille, adepte des ouvertures de colis perdus

à franceinfo

Ces ouvertures de colis perdus sont aussi devenues une véritable tendance sur les réseaux sociaux. Mais parfois, les arnaques ne sont pas loin. Certains influenceurs prétendent découvrir de véritables trésors : sur TikTok ou YouTube, certains prétendent trouver des vêtements de luxe ou des produits technologiques dernier cri dans ces colis perdus, qui ne leur ont coûté qu'une cinquantaine ou une centaine d'euros. Des gros lots très peu probables pour William Mourrière, qui préfère miser sur la transparence. "Ça, c'est pour attirer les clients, car 80% des produits qui se trouvent dans ces cartons viennent de Chine", dévoile-t-il.

"Tout ce qui dépasse 300 ou 400 euros, vous ne les trouverez jamais dans les colis perdus ! Les grandes marques de luxe récupèrent la marchandise, parce qu'il y a une traçabilité."

William Mourrière, co-fondateur de l'entreprise Flamingo box

à franceinfo

Cela peut sembler paradoxal, mais l'entreprise, créée il y a un an, envoie elle-même une tonne de colis par jour à travers la France. Elle a vu ses ventes exploser et prévoit déjà l'achat d'un second entrepôt. 

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