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San Marina : le Conseil du commerce de France demande "un plan d'aide" pour les enseignes en difficulté

"Ce qui est menacé aujourd'hui, ce sont les marques du milieu de gamme qui ne se transforment pas", affirme lundi sur franceinfo Yohann Petiot, vice-président du Conseil du commerce de France.
Article rédigé par franceinfo
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Dernier week-end d'ouverture de la chaîne de magasins de chaussures San Marina, photo dans un centre commercial à Marseille, le 17 février 2023. (GEORGES ROBERT / MAXPPP)

Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du commerce et vice-président du Conseil du commerce de France demande lundi 20 février sur franceinfo "un plan d'aide à la transformation digitale et environnementale" pour les enseignes en difficulté. Camaïeu, André, Go Sport, Gap, Kookaï, Pimkie, la liste des chaînes de magasins en difficulté ou disparues s'allonge. Ce sont des marques qui "ont 20, 30 ou 40 ans" et qui "n'ont pas réussi à se transformer dans un contexte de marché extrêmement difficile", explique-t-il. Le tribunal de commerce de Marseille se prononce lundi matin sur la très probable liquidation de San Marina qui emploie 664 personnes. Les 163 magasins de chaussures présents dans toute la France ont baissé le rideau samedi soir. "Ce qui est menacé aujourd'hui, ce sont les marques du milieu de gamme qui n'apportent pas de plus-value à leurs marques, à leurs produits", souligne Yohann Petiot.

franceinfo : Comment expliquer la fermeture de ces enseignes ?

Yohann Petiot : Ce sont toutes des chaînes qui ont 20, 30 ou 40 ans qui font face maintenant depuis 10 ans à une transformation majeure de leur marché avec la hausse des ventes en ligne et à la transformation très forte des attentes des clients. Elles n'ont pas réussi à se transformer dans un contexte de marché extrêmement difficile. Le Covid a accéléré toutes les transformations qui étaient à l'œuvre déjà sur notre marché depuis plusieurs années, notamment la transformation digitale. Aujourd'hui, c'est 20% de nos ventes qui sont réalisées en ligne. Ce sont des clients qui ont une attente encore plus forte vis-à-vis de leurs marques engagées dans la transformation durable et responsable. Toutes les marques qui ont pris du retard, qui n'ont pas une situation financière suffisamment saine pour pouvoir investir, malheureusement aujourd'hui, se trouvent dans des difficultés extrêmes.

Le secteur a été longtemps sous perfusion. Les financiers se rétractent et les prêts consentis par l'État, notamment pendant la crise du Covid, sont à rembourser. Le contexte fragilise encore plus ces enseignes ?

Les entreprises qui étaient en redressement judiciaire au tout début de l'année 2020, c'est-à-dire dès les premiers confinements, sont tombées tout de suite. Elles ont eu des difficultés dès le début de la crise sanitaire. Puis après, on a eu un effet de suspension grâce aux aides de l'État qui ont été importantes et qui ont permis de sauver toutes ces entreprises. Malheureusement pour celles qui étaient le plus en difficulté, ces difficultés, on les retrouve après la crise, avec un contexte extrêmement difficile, que personne n'aurait pu prévoir : la hausse des coûts de production, la hausse des coûts d'exploitation et un marché qui reste lui aussi en diminution pour le secteur de la chaussure notamment.

Le succès des applications Vinted et Shein notamment chez les jeunes peut expliquer les difficultés de ces marques ?

Les produits d'entrée de gamme aujourd'hui fonctionnent très très bien. Nous sommes dans un contexte inflationniste où les contraintes de pouvoir d'achat sont fortes pour de très nombreux Français. Ils recherchent le bon rapport qualité prix. Pour beaucoup d'entre eux, c'est le prix le plus bas. En France, les chaînes discount fonctionnent très très bien. Ce que l'on ne peut pas accepter, c'est une concurrence déloyale avec des acteurs qui ne respectent pas les règles auxquelles sont soumises nos enseignes françaises. Donc il faut agir. Il faut un véritable plan de lutte contre des enseignes d'"ultra fast fashion" qui ne respectent pas les mêmes règles que tout le monde.

Ce sont les enseignes de milieu de gamme qui ont du mal à s'en sortir ?

C'est ce marché aujourd'hui qui est le plus en difficulté. On assiste à une polarisation de la consommation entre, d'un côté, les marques discount, avec de très nombreux Français aujourd'hui qui ont un pouvoir d'achat contraint et donc qui cherchent un bas prix en priorité et puis un autre marché plus premium qui fonctionne très très bien. Le luxe fonctionne également très bien. Ce qui est menacé aujourd'hui, ce sont les marques du milieu de gamme qui ne se transforment pas, qui n'apportent pas de plus-value à leurs marques, à leurs produits. On ne peut pas se résigner à la disparition des marques, mais il faut qu'elles se transforment. Se transformer, aujourd'hui, ça demande beaucoup d'investissement, une situation financière saine, un soutien des banques. Nous demandons aux pouvoirs publics aujourd'hui un plan de soutien aux investissements. Aujourd'hui, les enseignes qui tombent, ce ne sont pas simplement des magasins. Ce sont des équipes de création en France, ce sont des équipes de logistique. Ce sont des filières qui aujourd'hui sont en difficulté. Ce que nous demandons au gouvernement, c'est un plan d'aide à la transformation digitale et environnementale de ces enseignes.

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