Covid-19 : "Les personnes âgées se sont mises au numérique", selon l'Observatoire société et consommation
Selon Philippe Moati, cofondateur de l'ObSoCo, les contraintes du couvre-feu et du confinement ont poussé beaucoup de Français à se mettre au e-commerce. Il y a aussi ceux, nombreux, "qui hésitent à sortir par peur de la contamination".
Avec l'épidémie de Covid-19, le couvre-feu et le confinement, les Français ont changé leur façon de consommer. Ils sont nombreux à s'être tournés vers le drive et les achats en ligne. "Il y a un verrou qui a sauté. Les personnes âgées se sont mises au numérique", a expliqué mercredi 27 janvier sur franceinfo Philippe Moati, professeur d’économie à l’université de Paris, cofondateur de l’ObSoCo (l’Observatoire société et consommation).
franceinfo : Comment définiriez-vous le mode de consommation actuel ?
Philippe Moati : On est clairement dans un régime de consommation sous contrainte. Horaires d'ouverture des magasins, plus ou moins tôt, plus ou moins tard, crainte de la sortie. Encore énormément de gens hésitent à sortir par peur de la contamination. Donc, si on se met à acheter en ligne c'est parce qu'on ne veut ou ne peut pas acheter en magasin. Il y a eu un boom et de nouveaux acheteurs.
"On voit que 8% des Français ont fait leurs premières courses sur internet durant la crise sanitaire, notamment des personnes âgées pour l'alimentaire car c'est une offre des services qui leur est particulièrement adaptée."
Philippe Moatià franceinfo
On a constaté d'une manière générale que les personnes âgées se sont mises au numérique pendant la crise sanitaire. Il y a un verrou qui a sauté. On peut penser que certaines de ces habitudes demeureront. Clairement, le e-commerce en a profité.
Que pensez-vous d'Amazon ?
On a eu une vague ces derniers mois d'Amazon bashing y compris à la tête du gouvernement. Mais dans nos enquêtes ce n'est pas ce que l'on voit. On a plus de répondants qui nous disent qu'ils achètent davantage sur Amazon qu'avant que de personnes qui disent acheter moins. Donc, si on se base sur nos données, il y a un accroissement de la fréquentation d'Amazon. L'image est plutôt bonne. Le groupe est très bien noté sur les aspects consommateurs, que ce soit sur la livraison, le choix, les prix, plutôt mal noté sur les aspects sociaux, mais ce qui l'emporte c'est une satisfaction. Donc, il y a un décalage entre le discours qui désigne Amazon comme le mal absolu et les consommateurs qui y vont parce qu'ils y trouvent leur compte.
Beaucoup de foyers estiment que leur situation financière s'est dégradée. L'avez-vous constaté ?
Cette crise est en train d'accentuer les clivages et de créer une vraie dualisation dans la société et la consommation.
"Selon nos enquêtes, 38% des personnes interrogées disent appartenir à un foyer qui a subi une dégradation de sa situation financière. Ils se concentrent sur le bas de l'échelle social."
Philippe Moatià franceinfo
Parallèlement, il y a entre 100 et 150 milliards d'épargne supplémentaire sur les comptes des Français. Mais, ça c'est en haut de l'échelle sociale. Certains vont donc avoir un trésor de guerre à dépenser et d'autres vont basculer dans des difficultés financières.
Qu'en est-il du besoin de changement ?
Il est très fort. C'est même assez inquiétant. 78% des Français disent vouloir du changement et parmi eux 49% attendent un changement radical. 90% n'ont pas confiance dans le politique pour opérer les changements attendus. Cela crée une vraie tension parce qu'on se dit que pour se faire entendre on va devoir prendre la parole, voire avoir recours à la violence. 47% des Français interrogés estiment que des actions violentes seront nécessaires pour contraindre les politiques à prendre en compte la population. Donc, on peut craindre que dès que la situation sanitaire s'améliore ressurgiront des crises sociales.
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