Crise de la filière bovine : les éleveurs lancent de nouvelles opérations de blocage
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll est attendu au tournant, il le sait. Mais pour bien faire comprendre l'urgence de la situation, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), le principal syndicat agricole, a lancé une nouvelle opération nationale de blocage des abattoirs. Objectif : dénoncer la baisse des prix de la viande bovine qui met les éleveurs au supplice, avant une nouvelle réunion prévue mercredi au ministère de l'Agriculture avec tous les acteurs de la filière (éleveurs, abatteurs, grande distribution...).
#viandebovine Le travail de nos #éleveurs a un prix ! Le réseau #fnsea mobilisé partout en France #SauvezlElevage pic.twitter.com/exom8hiGhs
— La FNSEA (@FNSEA) June 14, 2015
Le blocage a débuté dès dimanche soir à Castres dans le Tarn, où plusieurs dizaines d'éleveurs s'étaient positionnés devant l'entrée de l'abattoir Bigard. Même scène à Roanne dans la Loire. La FNSEA estime que 50% des abattoirs seront bloqués ce lundi.
"Le revenu moyen des éleveurs de viande est de 10.000 euros à l'année, je dis bien à l'année !"
Jean-Pierre Fleury, le patron de la Fédération nationale bovine, est déterminé à ne pas laisser "crever les éleveurs" . "Il y a eu énormément de discussions, depuis un an les choses n'avancent pas. Ca avait fait l'objet il y a trois semaines d'une table ronde avec le ministre d'où rien n'est sorti, nous avons déposé un ultimatum, l'ultimatum se termine ce soir."
Au coeur de cette crise profonde du secteur, la baisse des prix de la viande. "Le revenu des producteurs ", précise Jean-Pierre Fleury, "s'est effondré en 2014, et 2015 s'annonce sous les mêmes auspices. Le revenu moyen des producteurs de viande aujourd'hui est de 10.000 euros à l'année, je dis bien à l'année, donc même pas 1.000 euros pas mois. On a beaucoup d'éleveurs qui vont sans doute se trouver en cessation de paiement dans les semaines, les mois à venir. Les choses sont sérieuses, les éleveurs sont à bout, il faut prendre ces blocages très au sérieux. "
Une revalorisation de 0,60€ demandée
La crise de la filière se résume en un chiffre simple : pour être rentables, les exploitations doivent pouvoir vendre leurs produits au-delà de 4€ du kilo. Or aujourd'hui, le prix d'entrée des animaux à l'abattoir est de 3,60€. Les éleveurs réclament une hausse de 60 centimes d'euros, pour sortir la tête de l'eau. Ils dénoncent également les prix pratiqués par les grandes surfaces, qui eux continuent d'augmenter. Ceci sans même tenir compte de la concurrence de la viande allemande ou espagnole.
A la mi-mai, la première table ronde s'était terminée sur un constat d'échec, les entreprises d'abattage et de la grande distribution refusant le moindre geste. Pour les éleveurs, la table ronde de mercredi est "décisive". Soit elle aboutit, soit le mouvement se durcira. "Et ça pourra poser des problèmes d'approvisionnement très rapidement" , prévient Jean-Pierre Fleury.
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