Colère des agriculteurs : face à cette crise, le gouvernement se montre ouvert au dialogue, mais refuse des "blocages durables"
Colère des agriculteurs, "acte 2". Moins d'un an après un ample mouvement de colère dans les campagnes, qui avait abouti en janvier à des blocages de sections d'autoroutes dans le pays, les syndicats agricoles appellent à nouveau leurs troupes à manifester mais en ordre dispersé, à l'approche de leurs élections professionnelles qui se tiennent en janvier.
La FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) appellent les agriculteurs à la mobilisation, notamment pour dénoncer l'accord entre l'UE et les pays du Mercosur, l'accord de libre-échange avec l'Amérique du Sud, que la Commission européenne souhaite signer avant la fin de l'année. Frappés par de mauvaises récoltes et l'émergence de maladies animales, les agriculteurs déplorent également le retard dans la mise en œuvre de certains des 70 engagements pris l'hiver dernier par le précédent gouvernement après la mobilisation du début 2024.
"Raisons légitimes de se mobiliser", mais "pas deux, deux mesures"
Pas de blocage d'autoroute, mais des "feux de la colère" et des opérations très ciblées ont été annoncés par l'alliance syndicale majoritaire FNSEA-JA, qui veut faire passer le message aux Français "que la situation que vit l'agriculture aujourd'hui est une situation d'urgence, dramatique dans certains endroits", a affirmé le président du premier syndicat d'agriculteurs, Arnaud Rousseau. Pour sa part, la Coordination rurale se montre plus radicale, avec l'ambition "d'affamer" certaines grandes villes.
Une première crise sectorielle que le gouvernement va devoir s'employer à déminer. Dès ce week-end, le Premier ministre l'a assuré : "Je suis aux côtés des agriculteurs". Matignon estime qu'ils ont des "raisons légitimes de se mobiliser", et assure faire le maximum pour répondre aux attentes. De son côté, Emmanuel Macron, en déplacement en Argentine avant le G20, a assuré que "Nous allons continuer de nous opposer" à l'accord, cherchant à "rassurer les agriculteurs".
Au programme, donc : compréhension et écoute, mais en fixant des limites à la mobilisation. "Pas d'atteintes aux biens ni aux personnes et pas de blocage durable", insiste le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau. Sinon, ce sera "tolérance zéro". "On ne peut pas tout permettre aux agriculteurs, glisse un conseiller ministériel, car un mouvement social plus large menace et il ne peut pas y avoir de deux poids, deux mesures".
Le gouvernement espère canaliser la colère, même si la pression va durer : fin janvier, il y a les élections pour les chambres d'agriculture. Et, d'ici là, les syndicats agricoles seront en campagne pour apparaître comme les meilleurs défenseurs de la profession.
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