Colère des agriculteurs : "On a un gouvernement qui se retrouve dans une situation où il doit faire des concessions", estime un politologue

Gabriel Attal se rend dans une exploitation bovine ce dimanche en Indre-et-Loire alors que plusieurs syndicats agricoles appellent à "bloquer" Paris ce dimanche ou à "faire le siège" de la capitale à partir de lundi.
Article rédigé par franceinfo
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Un barrage mis en place par des agriculteurs sur l'A62, près d'Agen, samedi 27 janvier 2024. (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO)

Le mécontentement des agriculteurs "monte d'un cran", parce que les "points d'urgence qu'a pu évoquer Gabriel Attal ne sont pas suffisants sur un mouvement dont les problématiques sont structurelles et échappent en grande partie au gouvernement, analyse sur franceinfo, samedi 27 janvier, Benjamin Morel, politologue et maître de conférences en droit public à Paris II Panthéon-Assas. Selon lui, "il y a beaucoup de sujets qui relèvent du niveau européen, que ce soit en matière de normes, de financement et de libre-échange".

Plusieurs syndicats agricoles appellent à bloquer Paris et ciblent le marché de Rungis, notamment la Coordination rurale du Lot-et-Garonne et "d'autres groupements" qui envisagent un "blocus de Paris" lundi. La FNSEA et les Jeunes agricoles appellent de leur côté à "faire le siège de la capitale dès lundi 14h".

Le gouvernement "n'a pas vraiment de marges de manœuvre à court terme", estime Benjamin Morel. "On a un mouvement qui échappe aux canaux habituels, même si les syndicats demeurent des interlocuteurs, ils sont dépassés par leur base et sont soit dans une attitude de suivisme par rapport à leur base ou dans une attitude de surenchère pour ne pas perdre leur base. Ce faisant, poursuit le politologue, plus le mouvement avance plus la possibilité de régler avec des mesures nationales un conflit social en ayant des interlocuteurs connus identifiés et fiables, s'éloigne".

Le gouvernement "ne peu pas diaboliser le mouvement"

Dans ce contexte, l'annonce de déplacement de Gabriel Attal dans une exploitation bovine ce dimanche en Indre-et-Loire est à double tranchant selon le politologue pour qui "on peut s'attendre à des annonces sur le fond" de la part du Premier ministre. "Mais ça ne règlera probablement rien, pointe-t-il, parce qu'une partie du monde agricole a déjà prévu de bloquer Paris, donc mettre fin à ce processus qui apparaît mener à un bras de fer, c'est peu probable". D'autant que, ajoute Benjamin Morel, "le monde agricole n'a pas intérêt à arrêter la bataille, parce que le Premier ministre devra montrer qu'il est en capacité de surpasser la crise".

Ce genre d'appels à bloquer la capitale "peut faire céder un gouvernement, il ne peut pas diaboliser le mouvement, jouer l'opinion contre" les agriculteurs, "on a donc un gouvernement qui se retrouve dans une situation où il doit faire des concessions".

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