Colère des agriculteurs : "On est les opposants d'un modèle agricole industriel qui détruit de l'emploi", affirme France Nature Environnement

Invité sur franceinfo lundi, le président de France Nature Environnement dit soutenir "la Confédération paysanne, le Mouvement pour l'agriculture biologique, Terre de liens" qui sont "l'avenir de l'agriculture", mais pas d'autres syndicats comme la FNSEA ou la Coordination rurale.
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Des agriculteurs bloquent l'A64 à Carbonne, entre Toulouse et Saint Gaudens, en Haute-Garonne, le 18 janvier 2024. (NATHALIE SAINT AFFRE / MAXPPP)

"On est les opposants, et on l'assume, d'un modèle agricole industriel qui détruit de l'emploi, qui ne rémunère pas les agriculteurs, qui rend malade les agriculteurs et qui est très mondialisé", affirme, lundi 29 janvier, sur franceinfo Antoine Gatet, président de France Nature Environnement, alors qu'une cinquantaine d'associations de l'environnement ont appelé, samedi dans une tribune, à rejoindre les agriculteurs mobilisés.

Pour Antoine Gatet, il n'est "pas question d'aller sur les barrages avec des actions violentes de la Coordination rurale". France Nature Environnement soutient "la Confédération paysanne, le Mouvement pour l'agriculture biologique, Terre de liens" qui sont "l'avenir de l'agriculture". L'association appelle "l'agriculture industrielle" à faire "sa transition par l'agroécologie" pour ne pas avoir "des agriculteurs encore plus dans le besoin dans les années qui viennent".

Franceinfo : On vous retrouve souvent dans les combats contre des extensions de fermes, des constructions de retenues d'eau. Est-ce que vous pensez que les agriculteurs ont envie de vous voir à leurs côtés en ce moment ?

Antoine Gatet : On est 6 200 associations sur le territoire et ça fait 50 ans qu'on se mobilise et qu'on est en colère sur la question agricole et qu'on travaille avec le monde agricole. Il faut bien faire attention au fait que l'on n'a pas un seul monde agricole. On a un monde agricole un peu industriel, un peu productiviste, qui est celui de la Coordination rurale, de la FNSEA. Mais on a aussi un monde agricole de l'agroécologie, de l'agriculture biologique, des circuits courts, des produits de qualité. Et celui-là, c'est le monde agricole avec lequel on travaille. On porte des plaidoyers communs depuis toujours. Et avec celui-là, on continue à militer pour une autre agriculture, une agriculture qui ne soit pas de mauvaise qualité, qui ne soit pas industrielle. Donc on est déjà engagé depuis très longtemps aux côtés des agriculteurs.

Mais vous avez, avec certains, des différences de vision sur le modèle agricole à suivre. Comment convaincre les agriculteurs que vous pouvez devenir une force avec eux ?

Il n'est évidemment pas question pour nous d'aller sur les barrages avec des actions violentes de la Coordination rurale, parce que ce n'est pas ce modèle agricole là qu'on soutient. Par contre, il est évidemment question de continuer à travailler avec ces agriculteurs et ces agricultrices-là. On n'est pas les opposants des agriculteurs, on est les opposants, et on l'assume, d'un modèle agricole industriel qui détruit de l'emploi, d'un modèle qui ne rémunère pas les agriculteurs, d'un modèle qui rend malade les agriculteurs et qui est très mondialisé. On est opposants à ce modèle-là depuis toujours.

Quand les agriculteurs revendiquent une baisse de la taxe sur le gazole non routier, est-ce que vous les suivez sur ce dossier-là ?

Les agriculteurs qui ont demandé une baisse de la taxe sur le gazole non routier, ce sont ceux qui ont le principal intérêt à récupérer des sous en supprimant cette taxe, ce sont ceux qui sont très mécanisés, ce sont ceux des très grandes cultures, ce sont ceux qui ont une utilisation très importante de ça. La taxe sur le gazole non routier, il y a effectivement un problème d'accompagnement pour faire en sorte que cette taxe-là soit correctement rééquilibrée. Par contre, on n'accompagne pas les agriculteurs et on ne comprend pas les agriculteurs qui revendiquent, comme le fait la FNSEA ou la Coordination rurale, le fait de ne plus protéger les zones humides qui sont pourtant des milieux auxiliaires de la pratique agricole essentielle, de protéger les jachères, de continuer à pouvoir pulvériser des pesticides et du glyphosate sur les cours d'eau et à proximité des écoles. Ça, ce n'est pas un modèle qu'on soutient.

Quels agriculteurs appelez-vous à vous rejoindre ?

Ce sont ceux de l'ensemble des organisations d'agriculteurs et d'agricultrices. Il y a la Confédération paysanne, il y a le Mouvement pour l'agriculture biologique, il y a Terre de liens, qui sont des associations auxquelles on participe et dans lesquelles on verse de l'argent pour pouvoir installer des agriculteurs et des agricultrices. C'est cette agriculture paysanne locale, de qualité, qui travaille avec son environnement, qui est l'avenir de l'agriculture. On a tendance un peu à oublier dans tous ces domaines-là, le fait qu'on a un réchauffement climatique en cours. On a des perturbations environnementales très importantes. On va avoir 20% d'eau disponible en moins dans les années qui viennent. Si l'agriculture ne fait pas sa transition, si cette agriculture industrielle continue à aller vers l'industrialisation et ne fait pas sa transition par l'agroécologie, on va complètement passer à côté du sujet et on va avoir des agriculteurs, des agricultures, encore plus dans le besoin dans les années qui viennent.

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