Colère des agriculteurs : "S'il le faut, on passera à l'étape suivante", prévient un éleveur qui participe au blocage de l'A63 au Pays Basque
"On n'est pas dans le dur du sujet, on montre qu'on est déterminé, mais s'il le faut, on passera à l'étape suivante", menace, lundi 3 juin, sur franceinfo Xabi Dallemane, éleveur de volailles à Bidache, dans le Pays basque. Les agriculteurs français et espagnols vont bloquer ce lundi la frontière à Biriatou au niveau de la gare de péage de l'A63 à quelques jours des élections européennes. "On veut envoyer un message fort", affirme, de son côté, Sébastien Barboteu, éleveur en Vallespir et co-organisateur du blocage de la frontière dans les Pyrénées-Orientales, sur France Bleu Roussillon.
Les éleveurs et agriculteurs adressent ce message aux futurs eurodéputés : "On va leur laisser le temps bien évidemment de se mettre en place. On a des propositions à leur faire. On est dans la communication, dans l'écoute et dans l'échange en ce moment", explique Xabi Dallemane.
"C’est une journée historique : un blocage coordonné avec nos homologues espagnols. Ce qui se fait aujourd'hui, 3 juin, ne s'est jamais fait dans l'histoire", affirme Sébastien Barboteu. Une alliance cohérente, estime-t-il, puisque lorsque les agriculteurs expriment leurs problématiques, "on nous dit toujours que ça vient de plus haut, de Bruxelles. Donc, si déjà des pays peuvent s'allier pour certains votes, ça peut être plus facile", justifie l'éleveur.
Cette action commune peut aussi surprendre, car les agriculteurs français dénoncent régulièrement la concurrence espagnole. "Pendant 30 ans, il s'est livré une guerre entre la France et l'Espagne alors que nous étions déjà au sein de l'Europe. Mais aujourd'hui, on s'aperçoit que nous avons les mêmes problématiques des deux côtés de la frontière", répond Sébastien Barboteu. Or, poursuit-il, "au niveau agricole, ce sont les deux plus gros pays du secteur primaire. Donc, en s'alliant, on espère faire bouger les choses".
Faire respecter les clauses miroirs et détaxer l'énergie
Face aux manifestations d'agriculteurs en début d'année, le gouvernement français a annoncé 400 millions d'aides pour soutenir la filière agricole. "Les aides, on commence à en avoir marre. Qui dit aide, dit grosse administration derrière. Ce sont des dossiers que nous sommes incapables de remplir, même les personnes qui sont censées nous aider n'arrivent pas à les remplir", fustige Sébastien Barboteu sur France Bleu Roussillon. Les agriculteurs veulent "du concret" et avec leurs homologues espagnols, ils "demandent trois mesures concrètes", explique-t-il.
Ils demandent à l'Europe le "strict respect des clauses miroirs", c'est-à-dire d'imposer aux pays tiers les mêmes normes environnementales que celles exigées en France et en Europe aux agriculteurs. Xabi Dallemane ne comprend pas "qu'on importe de la nourriture qui ne répond pas à nos normes à nous". Les agriculteurs souhaitent aussi "une détaxation complète de l'énergie. Si on détaxe l'énergie, on arrivera à se tirer plus de revenus".
Pas de volonté de "créer la panique"
La troisième mesure demandée concerne le photovoltaïque au sol. Sébastien Barboteu explique que les agriculteurs sont "en train de se faire spolier toutes les terres agricoles par de gros groupes énergétiques". Il souligne que l'Italie a récemment interdit le photovoltaïque au sol sur les terres agricoles. L'éleveur concède toutefois que "c'est un complément de revenu pour de nombreux agriculteurs".
"On va créer de la nuisance. On en est conscient. Mais le but, ce n'est pas encore de créer une nuisance sur du long terme ou de créer de la panique. On est des citoyens et des professionnels responsables", assure Xabi Dallemane. Sébastien Barboteu, lui, veut dire aux candidats aux européennes "qui se déchirent en ce moment sur tous les plateaux", "de garder leur énergie pour bien travailler" au Parlement européen parce que "le monde agricole est sinistré".
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