Reportage "On aimerait pouvoir trouver la solution" : des permanences en préfectures pour répondre à la colère des agriculteurs

Alors que les agriculteurs attendent l'entrée en vigueur des mesures promises par le gouvernement, des cellules d'écoute se trouvent dans les préfectures, comme celle de la Sarthe. Mais le dispositif peine à trouver des solutions.
Article rédigé par Marion Ferrère
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Des agriculteurs ont construit un mur de la colère" devant la préfecture de la Sarthe, au Mans, le 23 février 2024, pour dénoncer leurs conditions de travail. (ALEXANDRE CHASSIGNON / RADIO FRANCE)

Le projet de loi d'orientation agricole est présenté vendredi 29 mars en Conseil des ministres. Un texte très attendu dans un contexte de crise, avec un Salon de l'agriculture mouvementé et plusieurs semaines de mobilisations des agriculteurs. Pour les apaiser, le gouvernement a annoncé plus de 60 mesures, comme des promesses de simplification et des aides d'urgence. Mais les délais d'application sont longs et certains agriculteurs se disent pris à la gorge. Pour les aider, des permanences ont été mises en place dans les sous-préfectures et préfectures, comme à celle du Mans, dans la Sarthe.

Ses factures et papiers administratifs étalés sur la table, un agriculteur de 33 ans a du mal à cacher sa détresse : il cumule 30 000 euros de dette. "En 2024, on peut réfléchir à passer en redressement judiciaire", dit-il. Installé depuis quatre ans près du Mans, ce trentenaire exploite avec sa femme 150 hectares de cultures et élève 70 vaches laitières. Mais depuis quelques mois, il lui est impossible de faire face : "Toutes les charges augmentent et les produits de vente ne suivent pas les charges. L'énergie, entre autres : on a triplé entre 2022 et 2023, on passe de 2 000 euros à 6 000 euros en un an."

Des sommes qui sont venues s'ajouter à leur 70 000 euros de remboursement d'emprunt annuels. Alors pendant cet entretien, il tente sa chance : il voudrait que la préfecture négocie auprès de sa banque et de son fournisseur d'énergie. "Une année blanche, demande-t-il, que la facture énergétique diminue, après on a l'espoir."

De l'écoute, mais pas forcément de solutions

En face de lui, Sophie Blainville-Wellburn, cheffe du service économie agricole à la préfecture du Mans, prend des notes, recueille les doléances. Mais elle reconnaît qu'elle n'a pas de baguette magique. "C'est vrai que parfois, on aimerait pouvoir trouver la solution parce qu'on voit bien que ce sont des personnes qui ont à cœur et qui aiment ce qu'ils font. Nous, on n'a pas justement de solution à l'instant T à proposer. Par contre, c'est plus un travail en commun avec d'autres organismes", souligne-t-elle.

Des entretiens comme celui-ci, elle en a mené une vingtaine depuis le début du mois du mars. "J'en ai trouvé certains qui avaient un épuisement physique et moral, remarque Sophie Blainville Wellburn. Donc ces gens-là, on va les renvoyer vers des cellules de veille pour essayer d'apporter un peu de soutien psychologique aussi."

"En même temps, ils font tous preuve de courage parce qu'ils gardent quand même la tête haute."

Sophie Blainville Wellburn, en charge de l'économie agricole à la préfecture du Mans

à franceinfo

Certaines préfectures réfléchissent déjà à pérenniser le dispositif, en proposant des permanences de manière plus espacée, pour humaniser les échanges avec les agriculteurs et les écouter.

Des permanences en préfectures pour répondre à la colère des agriculteurs : reportage au Mans par Marion Ferrere

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