Reportage "On est traités comme des délinquants et on est déçus" : des agriculteurs de la Coordination rurale mobilisés près de Paris contraints de se replier

Ils s’étaient regroupés depuis dimanche à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, dans la commune d’Orveau, en Essonne.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un adhérent à la Coordination rurale. (MARC BERTRAND / RADIO FRANCE)

Les agriculteurs de la Coordination rurale s’éloignent de Paris. Environ 200 d’entre eux étaient mobilisés depuis dimanche 5 janvier pour réclamer un rendez-vous d’urgence avec le Premier ministre. Ils souhaitaient également manifester pacifiquement à Paris. Mais les forces de l’ordre ne les ont pas laissés progresser vers la capitale. Les agriculteurs ont même dû se replier vers Orléans.


Ils sont bloqués à 50 kilomètres de Paris, il est impossible pour eux d’aller plus loin que ce hangar au milieu des champs. La petite commune d’Orveau, en Essonne, est cernée par les gendarmes, alors les agriculteurs mobilisés décident de se replier. "Une déception, réagit Guillaume, éleveur dans la Sarthe, on a l'impression d'être des délinquants, on n'est pas compris en France. On a besoin de nos agriculteurs français. Là, aujourd'hui, on est traités comme des délinquants, des criminels et on est déçus. On sait très bien que Paris, on n'arrivera jamais à l'approcher en tracteurs."

Discussions au point mort

Les agriculteurs lèvent donc le camp peu après midi, lundi, en direction du point de repli, situé près d’Orléans, à 100 kilomètres de la capitale. Ils ont conclu un marché avec les autorités : la Coordination rurale fait demi-tour en échange de la libération de la petite dizaine d’agriculteurs en garde à vue. "La décision a été prise, explique Patrick Legras, le porte-parole de la Coordination rurale. On a dit que si on récupérait les gens qui étaient en garde à vue, on quittait le site. Donc on quitte le site et on part sur Artenay [au nord d'Orléans] là. Ils ne veulent pas qu'on aille sur Paris." Les discussions avec le gouvernement "sont au point mort", ajoute le porte-parole syndical.

"On se dit que c'est du grand n'importe quoi, un peu une forme d'injustice."

Édouard Legras, président de la Coordination rurale du Loir-et-Cher

à franceinfo

De la colère, de la frustration pour ces agriculteurs qui voulaient manifester, disent-ils, pacifiquement dans les rues de Paris. Mais ils en ont été empêchés par les forces de l’ordre, comme le déplore Édouard Legras, président de la Coordination rurale dans le Loir-et-Cher : "Nous, on vient juste pour porter des revendications auprès de Matignon. On veut juste dialoguer avec eux, porter le message, se faire entendre. Et on a deux revendications qui sont claires : on veut absolument une harmonisation au niveau de l'Europe, les mêmes règles pour tout le monde au niveau des producteurs et on veut des contrôles bien plus punitifs au niveau des importations. Aujourd'hui, en fait, il n’y a quasiment pas de contrôles sur les denrées alimentaires. Il y a moins de 5% des denrées alimentaires importées qui sont contrôlées, ça, ce n’est pas normal."

Pour autant la mobilisation ne s’arrête pas là, promettent les agriculteurs. Ils ont peut-être perdu cette bataille, mais la Coordination rurale assure que les actions vont se poursuivre une partie de la semaine.

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