: Témoignages "S’il faut monter à Paris, pourquoi pas" : les agriculteurs envisagent de "passer à la vitesse supérieure"
Les agriculteurs poursuivent les blocages en France dans une atmosphère assez lourde : mardi 23 janvier, une voiture a percuté mortellement une agricultrice et a blessé grièvement son mari et sa fille adolescente au niveau de Pamiers, en Ariège. Malgré les rencontres avec le gouvernement, la colère semble grandir jour après jour. "On a perdu beaucoup de temps, cela fait longtemps qu'on alerte, et malheureusement, il faut passer à la vitesse supérieure", a ainsi dénoncé mardi 23 janvier Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA et président de la fédération de la Marne, invité de France Bleu Champagne-Ardenne.
Il assure que des actions sont par exemple prévues dans le Grand Est, avec "l'idée de toucher des points durs" d'ici la fin de , notamment avec un rassemblement prévu à Strasbourg.
"La pression monte naturellement dans toutes les campagnes"
Hervé Lapie espère une "vraie prise de conscience" et dit attendre une "expression du président de la République qui redonne de l'espoir, avec des actes concrets". "On nous parle de simplification, mais qu'est-ce qu'on simplifie exactement ?", demande-t-il. Comme lui, des milliers d'exploitants agricoles tirent le signal d'alarme depuis plusieurs jours, notamment dans le Sud-Ouest.
Ils étaient ainsi encore une dizaine, mardi 23 janvier au matin, sur l'autoroute A64, au niveau de Carbonne, en Haute-Garonne : ils bloquent la route depuis six jours désormais. En train de boire un café et manger quelques viennoiseries, ces agriculteurs regardent les informations : ils découvrent le blocage sur l'autoroute A7 et la multiplication des différents points de mobilisations à travers la France.
"La pression monte partout puisque le nord de la France commence à bloquer le pays. Tout le Sud bloque le pays. La pression monte naturellement dans toutes les campagnes. C’est à eux vraiment de la faire rebaisser avec des annonces fortes", note Jérôme Bayle, l'éleveur qui porte ce mouvement dans la région, en pointant du doigt le gouvernement.
Les distributeurs et l'UE aussi en ligne de mire
Les agriculteurs attendent des annonces concrètes sur leurs rémunérations, la Politique agricole commune, le gazole non routier, mais aussi l'irrigation, la maladie hémorragique épizootique (MHE)... Des premières réponses sont promises pour cette semaine. Si elles ne sont pas suffisantes, le mouvement va se durcir, prévient Jean Darolles, éleveur ovin et président des jeunes agriculteurs à Rieumes. "S’il faut monter à Paris, pourquoi pas, le périple en tracteur peut être intéressant, déclare-t-il. Il y a aussi une échéance qui est le salon de l’Agriculture bientôt. L’effet sera inverse, on n’y montera pas".
"On va arrêter d’aller là-haut se montrer avec tous les politiques qui viennent serrer des pognes pour, derrière, peu d’actions pour nous."
Jean Darolles, éleveur ovin de Haute-Garonneà franceinfo
Sur certains dossiers techniques, les agriculteurs en sont conscients : les réponses mettront un peu de temps à arriver. Et ils expliquent que les réponses ne viendront pas que du gouvernement français. Tous les acteurs doivent se mettre autour de la table, selon Clémentine, installée sur l'A64. "Ce qui m’interpelle, c’est que depuis quelques jours, on parle beaucoup de Gabriel Attal mais ceux qu’on voit moins, ce sont les grands distributeurs, observe-t-elle. Je suis certaine qu’à leur échelle, ils peuvent faire quelque chose".
Clémentine souhaite que les distributeurs réduisent leurs marges au profit des agriculteurs et qu'ils travaillent davantage avec les producteurs locaux. Car c'est aussi l'autre problème soulevé par ces agriculteurs : la concurrence des pays étrangers, soumis à des normes parfois moins contraignantes. La réponse, selon eux, doit être aussi européenne voire internationale.
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