Cinq ans d'austérité : le pari risqué de François Fillon
Au-delà des 7 milliards d'euros nécessaires pour boucler le budget 2012, François Fillon a présenté un plan de rigueur qui prévoit 65 milliards d'économies supplémentaires d'ici à 2016.
On attendait un plan d'économies de 6 à 8 milliards d'euros pour boucler le budget 2012. François Fillon a finalement annoncé, lundi 7 novembre, un effort de 65 milliards d'euros sur cinq ans. En mettant le cap sur l'horizon 2016, date à laquelle le gouvernement prévoit le retour à l'équilibre budgétaire, le premier ministre a en partie répondu aux attaques de ses adversaires. Et notamment de François Hollande, le candidat socialiste à la présidentielle, qui critiquait le jour-même dans Libération "une politique faite de bricolages et de rapiéçages".
Ce plan, inscrit dans la durée, est plus douloureux qu'attendu. Pour les seules années 2012 et 2013, les mesures annoncées sont censées permettre de trouver 18,6 milliards d'euros (7 milliards pour 2012, 11,6 milliards pour 2013). François Fillon a fixé la ligne : pour y parvenir, il faudra "réduire les dépenses" et "ajuster la fiscalité".
Afin de justifier sa politique, le premier ministre n'a pas hésité à dramatiser la situation en utilisant le terme "faillite", qui selon lui "n'est plus un mot abstrait". Il prévient : "Ce sont plusieurs années d'efforts qui sont devant nous, mais je veux dire que la perspective de 2016 n'est pas si éloignée et que nos objectifs sont parfaitement atteignables."
Pas de mesure pour soutenir la croissance
Mais s'engager pour cinq ans d'austérité ne risque-t-il pas de mettre à mal une croissance déjà bien terne ? C'est justement la faiblesse de la croissance (revue de 1,75 % à 1 %) qui a conduit à présenter ce plan de rigueur. Avant l'intervention de François Fillon, le député socialiste Michel Sapin avait mis en garde contre "le cycle infernal austérité-baisse de la croissance".
La situation est, de fait, très délicate pour la France. De plus en plus d'observateurs jugent que les prévisions du gouvernement sont encore trop optimistes. Selon les dernières estimations des économistes de la Société générale, la croissance française pourrait être de 0,4 % seulement en 2012. Et François Fillon n'a annoncé aucune nouvelle mesure pour soutenir la croissance.
C'est sur ce point que risquent de se concentrer les critiques des socialistes. Immédiatement après les annonces, le sénateur François Rebsamen, proche de François Hollande, faisait mine de s'interroger sur le plan du premier ministre : "Ses estimations de croissance et d'économies sont-elles réalistes, suffisantes et sincères ?" D'autant qu'en se projetant sur cinq ans, François Fillon feint d'ignorer qu'une victoire de la gauche en 2012 aboutirait à la remise en cause de son plan.
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