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10 ans après le début de la crise grecque, le chômage baisse mais un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté

Il y a dix ans jour pour jour, le 14 janvier 2010, le Premier ministre socialiste Georges Papandréou annonçait que les caisses de l'État grec étaient vides. Depuis, le chômage a baissé mais l’économie ne fleurit pas.

Article rédigé par Angélique Kourounis
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le 14 janvier 2010, le premier ministre grec Georges Papandréou annonçait un plan d’austérité. (ARIS MESSINIS / AFP)

Les années noires de l’austérité sont passées en Grèce. Depuis le 14 janvier 2010 et l’annonce du Premier ministre Georges Papandréou du plan de réduction des déficits, la Grèce a perdu 25% de son produit intérieur brut. Un tiers de la population est passé sous le seuil de pauvreté et autant n'a toujours pas de couverture sociale.

Irène, une enseignante de 44 ans, a vu son salaire augmenter. Mais il reste toujours 40% inférieur aux 1 400 euros qu’elle touchait auparavant. "Le niveau de vie ne s’est pas amélioré" assure-t-elle, c’est plutôt que les Grecs se sont habitués à une vie de misère : "Malheureusement, nous sommes habitués maintenant à ne plus rien pouvoir faire. Les premières années, cela me dérangeait énormément. Maintenant, c’est fini." Irène raconte s'être habituée "à ne plus avoir de vie, c’est cette misère qui est devenue la normalité et on est heureux de pouvoir, une fois dans l’année, aller au théâtre."

Des grecs peuvent de nouveau se payer le chauffage

A ses côtés, Dionyssis travaille devant son ordinateur. Il a retrouvé un emploi déclaré après quatre ans de chômage. Encore mieux, il reçoit son salaire avec seulement deux mois de retard, une chance pour un salarié grec dans l’après-crise. Il reconnaît d’ailleurs aussi une légère amélioration et ce n'est pas un détail. Désormais la famille peut se chauffer : "C’était un énorme problème, à la maison, est-ce qu’on allait ouvrir le chauffage central, amener un chauffage d’appoint, comment est-ce que l’on pourrait se chauffer ? Il y a eu des soirs où l’on a eu vraiment froid, et puis, heureusement, on a pu après deux ou trois hivers se chauffer. On s’est restreint ailleurs."

Dionyssis ajoute que le chauffage est l’une des priorités pour de nombreuses familles comme la sienne : "Des gens en sont morts et meurent encore maintenant, en Grèce, car ils s’intoxiquent avec des chauffages de fortune."

"Je ne demande rien" dit Naya, 11 ans

La fille de cette famille, Naya, est née il y a 11 ans. Elle n’a connu que la crise. Elle reste marquée par les discussions de ses parents : "Je les ai très souvent vus se disputer au sujet de l’argent. Je ne demande rien, que l’indispensable, mais après je le regrette et je dis non, mais j’ai peur pour mes enfants plus tard. Si ma maman a déjà peu d’argent et juste de quoi m’acheter le nécessaire, moi j’en aurai pas du tout."

Naya ne pense qu’à ça et se soucie déjà de son avenir : "Ça tourne tous le temps dans ma tête : l’argent, l’argent, l’argent. Désormais c’est devenu mon inquiétude."  Irène et Dionyssis font partie de la classe moyenne laminée par dix ans de crise en Grèce. Leurs parents les soutiennent toujours mais eux se demandent si, de leur côté, ils pourront faire de même pour Naya qui voudrait faire des études.

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