"Il y a trop de grèves" : les hommes d'affaires réunis à Davos frileux à l'idée d'investir en France
Les décideurs économiques, réunis cette semaine pour le forum économique mondial, observent la France avec curiosité, à la veille d’une nouvelle journée d’actions contre la réforme des retraites et de la présentation du projet en Conseil des ministres.
Une soirée à Davos, offerte par la ville chinoise de Tianjin… Au son d’un quatuor à cordes, en dégustant des plats chinois, évoquer l'attractivité française surprend un peu. C'est un pays qui fait toujours rêver cet homme d'affaires qui énumère : "La France est un pays romantique et moi, j'adore les vins, le Bordeaux, le Bourgogne…"
Mais la France apparaît nettement moins attractive aux yeux d'autres hommes d'affaires. "Il y a trop de grèves, confie cet homme, et ce n'est pas aussi stable que d'autres pays pour le business. Ce que je sais aussi, c'est que les taxes sont trop élevées."
Trop d'émeutes, trop de résistance
Dans les allées du forum économique, les images d’émeutes de l’an dernier et les grèves de cette année alimentent chez certains les impressions négatives sur la France. Au point qu’au moment d’investir, l’Américain Howard Meyer par exemple, président de la multinationale métallurgique Quexco, retient son bras. "Nous avons trois usines en France, 600 à 800 salariés, explique-t-il. Mais je trouve qu'il y a beaucoup de troubles en France comme on l'a vu avec les émeutes. Et je pense qu'il y a toujours beaucoup de résistance en France pour atteindre la productivité nécessaire. Tout ça n'aide pas à y investir à nouveau."
"France is back"
Mais la France aux yeux des investisseurs internationaux, c’est aussi ça : "France is back", une formule lancée par Emmanuel Macron à Davos et reprise par Buno Le Maire. Le ministre de l’Économie est venu négocier avec des Américains hostiles l’existence de la taxe sur les géants du numérique. L’ancien ministre des Finances italien Domenico Siniscaldo, actuellement vice-président de la banque d’affaires Morgan Stanley, y voit l’exemple d’une influence nouvelle que la France peut gagner. "Je dois dire que Davos cette année, c'est beaucoup plus moderne. Beaucoup plus que dans le capitalisme des années passées où c'était totalement axé sur les profits et la croissance. Je dois dire que la France dans ce dialogue est très bien placée. Parce que ce sont des thèmes typiquement européens, typiquement français. Au fur et à mesure, ça devient véritablement l'agenda des leaders, et tout le monde a à y gagner."
Ajoutons que les chiffres et les études font mentir les clichés : en 2018, la France a attiré 31% d’investisseurs étrangers de plus que l’année précédente, mieux que l’Allemagne.
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