Rapport Oxfam : en France, "on n'est plus dans une phase d'explosion des inégalités"
Les 1 % les plus riches de la planète possèdent deux fois plus de richesses que 90 % de la population mondiale, constate le nouveau rapport annuel sur les inégalités mondiales. En France, sept milliardaires possèdent plus que les 30 % les plus pauvres.
Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, juge lundi 20 janvier sur franceinfo que "ce serait une erreur de se concentrer uniquement sur cette poignée de très très riches", alors que l'ONG Oxfam dévoile son rapport annuel des inégalités. Oxfam y indique que les 2 153 milliardaires de la planète sont plus fortunés que 60% de la population. En France, les 10% les plus riches concentrent la moitié des richesses du pays. Mais d'après l'économiste, "on n'est plus dans une phase d'explosion des inégalités."
franceinfo : Les milliardaires français sont ceux qui ont engrangé le plus de bénéfices dans le monde l'année dernière. Est-ce qu'il y a une explication économique ?
Louis Maurin : Ils continuent de s'enrichir du fait de leurs activités, c'est une poignée de "premiers de cordée". S'ils continuent de s'enrichir c'est aussi parce qu'on les favorise de plus en plus d'un point de vue fiscal. Mais à mon sens, ce serait une erreur de se concentrer uniquement sur cette poignée de très très riches, alors que la question des inégalités est bien plus large (…) En termes de revenus, on n'est plus dans une phase d'explosion des inégalités qu'on a pu connaître. On a une population plus large, environ 30% des plus riches qui continuent à gagner davantage, alors que les couches moyennes ont des revenus qui stagnent. Et puis, du côté des plus pauvres, on a des phénomènes de très grande lenteur de progression, voire parfois de diminution des revenus.
Est-ce qu'il y a un lien entre les fortes inégalités et la France, qui est plus attractive que jamais ?
C'est très difficile de faire des liens. Il y a une financiarisation qui fait qu'une partie de la population aisée s'enrichit à partir de ça. Mais l'enrichissement est lié à bien d'autres éléments. Par exemple, la ponction qui est faite sur les revenus des plus jeunes par les bailleurs, qui louent très très cher des biens, et notamment des petites surfaces, qui ponctionnent le niveau de vie des jeunes, c'est aussi un élément d'enrichissement. Et il y a bien d'autres formes d'inégalités. Notre pays est surtout inégalitaire du point de vue du niveau de l'éducation, de la façon dont on fait notre école, avec une école à plusieurs vitesses, un système très conservateur et très favorable aux diplômés.
Donc les réponses sont plus structurelles que conjoncturelles ?
Elles sont plus structurelles, elles ne sont pas simplement du point de vue de l'enrichissement monétaire mais à bien d'autres niveaux (…) Les métiers mal considérés des femmes sont une question très très importante. Elles sont très mal rémunérées dans le secteur du soin. Et plus globalement, hommes ou femmes, des métiers très mal rémunérés dans le secteur du service aux autres, que l'on pourrait appeler des "serviteurs" pour les autres. Voici des questions structurelles qui me semblent extrêmement importantes.
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