50 milliards d'économies de Valls : quelles pertes pour les familles, les retraités et les fonctionnaires ?
Contrairement à l'usage, la prochaine revalorisation des prestations sociales n’interviendra pas avant dix-huit mois. Une mesure qui touche les familles et les retraités. Les fonctionnaires sont aussi les perdants de ce plan d'économies. Combien va perdre chacun ?
Prestations sociales non revalorisées, gel de l'indice des fonctionnaires... Manuel Valls a détaillé mercredi 16 avril le programme de 50 milliards d'économies prévues par le gouvernement entre 2015 et 2017. Un effort demandé à tous les Français mais qui touche plus particulièrement les familles, les retraités et les fonctionniares.
"Cela va rogner le pouvoir d'achat indéniablement, estime Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques. Globalement sur les 50 milliards, si on enlève les 10 milliards qui concernent les collectivités (cela va surtout représenter de l'investissement en moins, donc toucher indirectement les ménages), les 40 autres milliards touchent directement les ménages. Par des prestations, des gels de salaires, des destructions de postes, ça fait beaucoup...", note l'économiste, interrogé par francetv info.
Quelles mesures concernent les familles, les retraités et les fonctionnaires et combien va perdre chacun ? Voici les réponses et les exemples de francetv info.
Pour les familles
Ce qui change. Jusqu'en octobre 2015, les prestations sociales sont gelées. En clair, elles ne seront pas augmentées, comme c'est l'usage chaque année au mois d'avril. Une revalorisation qui était indexée sur l'inflation, pour que les Français conservent leur pouvoir d'achat, malgré l'augmentation des prix. Les allocations familiales sont concernées, tout comme l'allocation de rentrée scolaire, la prestation d'accueil du jeune enfant, le complément de garde, l'allocation de soutien familial... Les aides au logement (APL, ALF ou ALS) sont aussi touchées. En revanche, les minima sociaux sont épargnés : cela concerne le RSA, l'allocation de solidarité spécifique et l'allocation aux adultes handicapés.
Le manque à gagner. Prenons l'exemple d'une famille qui élève deux enfants de 8 et 13 ans. Ayant deux enfants à charge, elle bénéficie actuellement de 129,35 euros par mois au titre des allocations familiales. En se basant sur une revalorisation au niveau de la prévision d'inflation de 1,1% pour 2014, ces allocations auraient dû gagner 1,42 euros par mois. Soit un manque à gagner annuel de 17,07 euros. Notre famille touche également l'allocation de rentrée scolaire versée fin août pour financer l'achat de fourniture. Pour un enfant entre 6 et 10 ans, elle s'élève à 362,63. Elle aurait dû gagner 3,99 euros si elle avait été indexée sur l'inflation de 2014. Pour un enfant qui a entre 11 et 14, l'allocation de rentrée scolaire représente 382,64 euros, le manque à gagner est de 4,2 euros.
Des sommes "perdues" qu'il convient d'ajouter à une pression fiscale accrue pour les classes moyennes (augmentation de la TVA, coup de rabot sur le quotient familial, mise sous condition de la prestation d'accueil du jeune enfant destinée aux parents d'enfants de moins de trois ans...). De quoi réduire encore un peu un pouvoir d'achat déjà fragilisé.
Pour les retraités
Ce qui change. Les pensions de retraites devaient être revalorisées en octobre prochain, finalement, il faudra attendre une année de plus. La mesure concerne 13,5 millions de personnes qui bénéficient du régime général des retraites. Les pensions des régimes complémentaires (Arrco et Agirc pour les salariés du privé) devraient aussi être gelées. Le minimun vieillesse est quant à lui épargné et sera bien revalorisé.
Le manque à gagner. Un retraité qui touche 1 278 euros aurait dû voir sa pension de retraite augmenter en théorie au 1er octobre sur la base de l'inflation de l'année 2013, soit 0,7%. Pour lui, le gel du régime général représente une perte de 8,95 par mois, soit une somme annuelle de 107,4 euros.
Le gel des pensions et des complémentaires retraites touche donc durement les retraités qui "perdront du pouvoir d'achat", comme nous l'indiquions le 11 mars.
Pour les fonctionnaires
Ce qui change. Les fonctionnaires sont les autres grands perdants des 50 milliards d'économies à réaliser. Le point d'indice, qui sert de base au calcul de la rémunération des fonctionnaires, sera gelé en 2015, 2016 et 2017. Il l'était déjà depuis 2010.
Le manque à gagner. Prenons l'exemple d'un professeur des écoles qui a deux ans d'ancienneté. Son salaire est de 1 666 euros net et 2 164 euros brut. Même si globalement les précédentes augmentations du point d'indice se trouvaient en deça de l'inflation, voici le manque à gagner en imaginant une hausse alignée sur le taux d'inflation. Si le salaire des fonctionnaires était aligné sur l'inflation de 2013 (0,7%), notre professeur des écoles mettrait 11,66 euros net de plus dans ses poches tous les mois, soit 139 euros sur un an. Avec une inflation de 1,1% comme prévue en 2014, il gagnerait 16,6 euros net par mois, ce qui représente 199,92 euros sur un an.
En salaire réel, c'est-à-dire compte tenu de l'inflation, les cinq millions de fonctionnaires de l'Hexagone ont déjà connu une baisse de leur salaire net moyen en 2012. Une situation qui ne devrait guère s'arranger avec le gel du point d'indice jusqu'en 2017.
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