Le surcroît de dépenses des collectivités pourrait aggraver de 16 milliards d'euros le déficit de 2024, selon Bruno Le Maire

Les prévisions de recettes fiscales pourraient par ailleurs ne pas être atteintes "compte tenu de l'évolution de la composition de la croissance, moins favorable aux recettes fiscales", écrit le ministre de l'Économie dans un courrier adressé à des parlementaires et que franceinfo a pu consulter.
Article rédigé par franceinfo
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Le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, le 25 juillet 2024 à Paris. (ANDREA SAVORANI NERI / NURPHOTO)

"L'augmentation extrêmement rapide des dépenses des collectivités territoriales (...) pourrait à elle seule dégrader les comptes 2024 de 16 milliards d'euros", s'est inquiété lundi 2 septembre le ministre démissionnaire de l'Économie Bruno Le Maire, dans un courrier adressé à des parlementaires et que franceinfo a pu consulter. 

Dans cette lettre adressée aux rapporteurs généraux et aux présidents des commissions des Finances des deux assemblées, Bruno Le Maire et son ministre démissionnaire délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave estiment que ce surcroît de dépenses pourra "dégrader les comptes 2024 de 16 milliards d'euros par rapport" à la trajectoire de déficit envoyée à Bruxelles au printemps. 

Déjà abaissées de "près de 30 milliards d'euros" au printemps, les prévisions de recettes fiscales pourraient par ailleurs ne pas être atteintes "compte tenu de l'évolution de la composition de la croissance, moins favorable aux recettes fiscales"

Selon une note du Trésor, jointe à ce courrier et réalisée durant l'été, à politique inchangée et sans mesure de correction, le déficit public risque de grimper à 5,6% du PIB en 2024, loin des 5,1% prévus initialement dans la trajectoire budgétaire du gouvernement. 

Une prévision de croissance relevée

S'agissant des prévisions macroéconomiques, le gouvernement table désormais sur une croissance de 1,1% en 2024, contre 1% anticipé jusqu'ici, en raison d'un "acquis de croissance à mi-année 2024 plus élevé qu'anticipé et une prévision d'accélération de la croissance au 3e trimestre". "Il revient au prochain gouvernement de modifier le cas échéant les éléments préparés, à la fois en matière de recette et de dépense", conclut le document. 

Le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Eric Coquerel, (LFI) et le rapporteur général du budget, Charles de Courson (Liot), avaient prévenu vendredi par lettre M. Cazenave qu'ils iraient en personne à Bercy consulter des documents budgétaires de 2024 et 2025 si le ministre ne leur envoyait pas d'ici à lundi des "documents de synthèse" permettant de comprendre les travaux en cours. 

Dans un communiqué publié lundi soir, Eric Coquerel estime que "ces chiffres démontrent que la politique de l’offre et de la compétitivité, que manifestement le président Macron entend poursuivre, emmène toujours plus vite le pays dans le mur". "Ce sont des recettes qu’il convient d’aller chercher", poursuit-il. "Cela passe par une fiscalité plus juste, plus rentable, moins dispendieuses vis-à-vis des revenus du capital ; par des mesures soutenant les revenus du travail et un État favorisant, par la planification écologique, une activité économique vertueuse en matière environnementale et répondant aux besoins des Français notamment en matière de santé, d’éducation, de logement."

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