"Deux pions pour 1 300 élèves" : des lycées de Seine-Saint-Denis protestent contre la suppression des contrats aidés
Des professeurs et des employés de lycées de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne se sont rassemblés devant le ministère de l'Education nationale, jeudi matin à Paris. Ils réclament le maintien des contrats aidés.
"A mon avis, à Louis-le-Grand, ils n'ont pas deux surveillants pour tous leurs élèves." Des professeurs et des employés des lycées de Seine-Saint-Denis ont fait grève, jeudi 21 septembre, afin de protester contre la suppression de 1 000 contrats aidés dans leur académie, qui pèsera selon eux sur leurs conditions de travail et par voie de conséquence, sur le suivi des élèves.
Selon les grévistes, qui citent le rectorat, le gouvernement a décidé de ne pas renouveler 2 000 contrats aidés dans l'académie de Créteil, qui couvre le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis, sur les 5 000 en poste actuellement. Dans le même temps, 1 000 postes d'auxiliaires de vie scolaire, des agents chargés d'aider les élèves en situation de handicap, seraient créés.
Pas de soutien aux élèves en difficulté
Résultat : 1 000 emplois en contrats aidés en moins sur l'Académie de Créteil. Une décision que déplorent plusieurs personnes travaillant au lycée Jean-Rostand, à Villepinte (Seine-Saint-Denis), un établissement qui connaît déjà une baisse du nombre de postes. Deux salariés en contrats aidés, qui ont démissionné il y a quelques mois, n'ont par exemple pas été remplacés.
"On est au bord du précipice, lâche Camille Moncla, conseillère principale d'éducation de ce lycée de 1 300 élèves. Cela fait quatre ans que je suis CPE dans le 93. C’est la première année où je me retrouve dans une situation complètement intenable."
Un incident peut éclater à tout moment
Ce lycée dispose de huit postes d'assistants d'éducation (surveillants), mais des absences non remplacés et des arrêts maladies font chuter le chiffre. La CPE se retrouve seule, avec deux ou trois surveillants. "Ils n'en peuvent plus", lance-t-elle. Avec le plan Vigipirate, ils doivent être en permanence à la grille de l'établissement, pour filtrer les entrées. Le lycée se retrouve alors parfois sans aucun agent pour empêcher les incivilités à l'intérieur de l'établissement.
"Je ne gère que l’urgence, je n’ai pas eu le temps de commencer mon travail de CPE, affirme Camille Moncla. Je viens au soutien des surveillants. Sans ma présence sur le terrain, un incident peut éclater à tout moment." Le rectorat, chargé de l'affectation des postes, n'a pas répondu aux sollicitations de franceinfo.
Face à l'absentéisme, l'impuissance
Du côté des professeurs, on insiste sur le manque de suivi des élèves en difficulté. "On a un taux d'absentéisme très important, note Anaïs Florès, professeure d'histoire-géographie depuis sept ans à Jean-Rostand. Certains se déscolarisent petit à petit, alors que si on prend le temps d'organiser une commission éducative, de trouver un adulte référent, on peut rattraper des élèves." Mais comment monter ce type de commission quand les effectifs sont insuffisants ?
Autre problème lié aux effectifs : pour comptabiliser les élèves absents, les professeurs sont censés noter leurs noms sur un logiciel, lorsqu'ils entrent en classe. Mais "personne ne sait se servir du logiciel" selon la CPE, forçant les surveillants à récupérer les noms des absents à la main, dans toutes les classes, pour chaque cours. Une tâche impossible à réaliser avec seulement deux surveillants pour 1 300 élèves.
"Il y a une grosse responsabilité de l'établissement à ne pas vérifier que l'élève n'est pas en cours", accuse Anaïs Florès. Contacté par franceinfo, le proviseur n'a pas répondu à nos sollicitations. "Nous sommes particulièrement inquiets que l'on diminue les moyens dans une académie qui peut être en difficulté. On fait ça pour nos élèves aussi", conclut la professeure d'histoire -géographie.
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