Déconfinement : heureux en télétravail, certains salariés renâclent à revenir en présentiel
Après plus d'un an loin des bouchons, des transports bondés et des bureaux bruyants, la reprise des activités sur site mercredi ne réjouit pas forcément ceux qui apprécient le confort du travail à la maison.
Un environnement plus calme et des horaires plus flexibles, Véronique y a trouvé son compte. Alors que les salariés peuvent revenir en présentiel, mercredi 9 juin, pas question pour elle de remettre les pieds au bureau. Depuis octobre 2020, elle est en total télétravail et elle ne regrette pas : "Je suis chez moi au calme, j'aime bien avoir mon autonomie. Au bureau, habituellement, on était trois dans la même pièce, ce n'est pas beaucoup, mais ça rendait déjà l'environnement plus bruyant que seule chez moi", confie cette employée dans le secteur des biotechnologies. Comme elle, de nombreux salariés n'envisagent pas forcément le retour sur site.
Véronique le concède : "Avec un enfant en bas âge, cela aurait été complètement différent, je l'aurais moins bien vécu, je pense." Mère d'une lycéenne, elle a conscience d'évoluer dans un environnement propice au travail à domicile, "avec plus de liberté". "Quand ma fille rentre manger, c'est plus agréable d'être là. Et comme je gère mon temps, j'ai moins de culpabilité si je déborde d'un quart d'heure à l'heure de la pause déjeuner." Une pause qui ne l'empêche d'ailleurs pas de faire "plus d'heures qu'au bureau".
Moins de culpabilité et quelques économies
Employé dans une entreprise à Chambéry (Savoie), Laurent réside à une soixantaine de kilomètres de là, près d'Annecy. Avec le télétravail, ce sont deux heures de route dans les bouchons et 120 km par jour qu'il s'économise. "Et les frais d'essence qui vont avec", souligne-t-il. Architecte informatique, il admet volontiers ne trouver "que des avantages" à cette situation depuis plus d'un an. Notamment plus de temps pour ses enfants : "S'il faut que je prenne du temps pour les devoirs de mon fils, par exemple, je ne me pose pas la question et j'adapte mes horaires ensuite. Je finis un peu plus tard, ce n'est pas un problème, il y a de la souplesse."
Malgré un retour sur site autorisé par l'amélioration de la situation sanitaire, la tendance est plutôt à un régime hybride : "Majoritairement, les gens sont plutôt favorables à l'idée de revenir en entreprise. Mais ils reviennent avec la ferme volonté de conserver une part de télétravail", souligne Benoît Serre, vice-président de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH). Selon une enquête menée par l'ANDRH auprès de 5 200 adhérents du 11 mai au 4 juin, 30% des DRH interrogés précisent être confrontés à ce nouveau phénomène.
Des accords pour entériner le télétravail
"Pour l'instant, nous sommes en télétravail au moins jusqu'à la fin du mois", explique Véronique. En septembre, un accord sera négocié dans son entreprise pour définir le nombre de jours où les salariés peuvent télétravailler de manière pérenne. "C'est une société qui n'était du tout pour avant la crise sanitaire, et petit à petit, elle s'est adaptée." Un cas loin d'être unique, selon Benoît Serre : "Les entreprises qui voudront à tout prix rester sur du présentiel permanent auront selon moi des difficultés de recrutement. Cela créerait une rupture forte avec ses employés." Interrogée mercredi 9 juin sur franceinfo, Elisabeth Borne, la ministre du Travail, a d'ailleurs réitéré son invitation à toutes les entreprises du secteur privé de négocier un accord sur le télétravail avec leurs salariés.
Dans l'entreprise de Laurent, les managers semblaient un peu réticents au télétravail. "Ils avaient peur que l'on perde l'esprit d'équipe. Mais on a bien vu que tout fonctionnait, nos clients sont toujours contents et mes équipes sont basées partout en France, je ne les voyais pas physiquement déjà avant le Covid-19." Le télétravail deviendra donc bientôt la norme pour les volontaires, jusqu'à trois jours par semaine.
Reste à savoir comment faire cohabiter le travail au bureau et le travail à la maison. "Cela pose la question de la répartition des tâches. Beaucoup de métiers ont des volets administratifs, donc on peut envisager de regrouper ces tâches sur les jours en télétravail… C'est une réorganisation du travail et de la législation à prévoir", anticipe Benoît Serre.
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