Ce qu'il faut savoir sur les blocages de raffineries et la pénurie de carburant
Les blocages de raffineries et de dépôts privent certaines stations-service d'essence. Par crainte d'une pénurie, les automobilistes se sont précipités sur les pompes ce week-end.
Le carburant est devenu la nouvelle arme des opposants à la réforme du Code du travail. Les blocages de raffineries et de dépôts privent les stations-service d'essence. Par crainte d'une pénurie, les automobilistes se sont précipités sur les pompes qui pour nombre d'entre elles se sont retrouvées à sec, malgré les arrêtés de rationnement pris en urgence par les préfectures. Dimanche 22 mai, la situation est devenue critique.
Quelles sont les raffineries bloquées ?
Quatre des huit raffineries de pétrole implantées dans l'Hexagone sont affectées par la grève. Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique) et Feyzin (Rhône) sont à l'arrêt. Et elles représentent à elles seules près de 50% de la capacité de raffinage française. Le site de Grandpuits (Seine-et-Marne) tourne, lui, au ralenti. Les opposants à la loi Travail bloquent également depuis jeudi matin des dépôts de carburants à Douchy-les-Mines, près de Valenciennes, et à Mardyck, dans la banlieue de Dunkerque.
Comme lors du précédent mouvement de 2010 sous Nicolas Sarkozy, les forces de l'ordre ont été appelées pour débloquer plusieurs importants dépôts de carburant. Tôt dimanche matin, les CRS ont ainsi débloqué deux dépôts de Dunkerque, permettant de réalimenter certaines stations-service, mais en faisant courir le risque de mettre de l'huile sur le feu. "Nous allons continuer à évacuer un certain nombre de sites et notamment les dépôts", a annoncé le Premier ministre, Manuel Valls, dimanche soir sur BFMTV.
Combien de stations-service sont-elles à sec ?
Par précaution, plusieurs préfectures ont pris vendredi des arrêtés de rationnement, limitant à 20 ou 30 litres le volume maximal autorisé pour les voitures. Mais tout le week-end, les automobilistes redoutant une pénurie ont pris d'assaut les pompes à essence, en particulier dans le nord-ouest de la France.
Résultat : sur les 12 000 stations-service que compte le pays, "816 sont en rupture de stock total" et "800 sont en rupture partielle", selon les chiffres donnés par le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, dimanche sur Europe 1. "Dans le pire des cas, dans les agglomérations les plus touchées, il reste encore 60% des stations qui fonctionnent", a-t-il assuré.
La pénurie est concentrée dans les départements de l'ouest et du nord de la France, principalement en Bretagne, dans les Hauts-de-France, en Normandie, dans les Pays de la Loire et en Ile-de-France. Mais elle s'est étendue au fil du week-end à certaines stations-service des agglomérations lyonnaise ou marseillaise et dans une moindre mesure aux villes de Clermont-Ferrand, Grenoble, Montpellier ou Bordeaux, selon la carte participative établie par le comparateur de prix des carburants Essence. Une situation qui a inspiré quelques blagues à certains.
Y a-t-il un risque de pénurie ?
Le secrétaire d'Etat aux Transports a appelé dimanche les automobilistes à ne pas céder à la "panique". Et il a assuré qu'il n'y avait "pas de risque de pénurie" de carburant "pour la semaine prochaine" dans les stations-service. Invité de France 2, Alain Vidalies a rappelé qu'"il y a aussi les stocks stratégiques, auxquels nous n'avons pas touché pour l'instant et qui permettent à la France d'avoir plusieurs semaines, de nombreuses semaines de consommation devant elles".
Les blocages vont-ils durer ?
Les partisans du retrait de la loi Travail promettent de durcir encore leur mouvement pour faire plier le gouvernement. Les syndicats CGT et FO appellent ainsi les chauffeurs routiers à poursuivre les blocages de zones logistiques et autres barrages filtrants. Mais pas sûr que l'appel soit entendu. Car le gouvernement espère avoir désamorcé le mouvement des routiers, en leur promettant que le projet de loi n'aura pas d'effet sur leurs heures supplémentaires, qui ne pourront donc pas être majorées de moins de 25%.
La CGT appelle également les dockers à suivre les appels à la grève des 26 mai et 14 juin, après les actions dans les ports de Nantes-Saint-Nazaire, du Havre ou encore de Lorient la semaine dernière. A Nantes-Saint-Nazaire, quatrième port français, le personnel a reconduit jusqu'à lundi sa grève, qui empêche tout mouvement de bateau.
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