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Quatre questions sur la plus-value de 1,13 million d'euros de la ministre Muriel Pénicaud après un plan social chez Danone

La ministre du Travail a touché une plus-value boursière de plus d'un million d'euros réalisée lorsqu'elle était DRH du groupe Danone. Si l'opération est légale, elle n'a pas manqué de susciter l'indignation des députés de gauche.

Article rédigé par franceinfo
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La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, à l'Assemblée nationale, le 10 juillet 2017. (BERTRAND GUAY / AFP)

Déja engluée dans l'enquête pour favoritisme sur le déplacement d'Emmanuel Macron à Las Vegas, Muriel Pénicaud fait face, jeudi 27 juillet, à une nouvelle polémique. Selon L'Humanité, la ministre du Travail a empoché, le 30 avril 2013, une plus-value d'1,13 million d'euros, après l'annonce de la suppression de 900 postes chez Danone dont elle était alors la directrice générale des ressources humaines. Cette révélation a immédiatement suscité les réactions indignées de députés socialistes ou communistes. Interpellée au Sénat sur cette question, Muriel Pénicaud s'est défendue. Franceinfo revient sur cette affaire qui pourrait bien être une nouvelle épine dans le pied de la ministre. 

Qu'est-il reproché à Muriel Pénicaud ? 

Selon des chiffres du rapport financier annuel de Danone de 2013 cités par L'Humanité, Muriel Pénicaud a réalisé 1,129 million d'euros de plus-values boursières le 30 avril 2013, en une journée, alors que Danone s'apprêtait à supprimer 900 emplois de cadres, dont 230 en France. 

La transaction portait sur un lot de 55 120 actions acquises 34,85 euros l'unité - le cours de l'action en 2009, très inférieur à celui d'avril 2013 -, et revendues aussitôt 58,41 euros l'unité.

Est-ce légal ? 

Oui. La pratique est cependant dénoncée par des syndicats, explique LCI, qui précise que "ces derniers critiquent le timing de l'opération boursière de la ministre du Travail". En effet, le 19 février 2013, quelques semaines avant que Muriel Pénicaud réalise sa plus-value, Danone a annoncé la suppression de 900 postes. "Une annonce qui a fait bondir le cours en bourse de l'action Danone et donc augmenté encore plus la plus-value de Muriel Pénicaud", conclut la chaîne d'information.  

Autre problème : la santé financière du groupe à l'époque de cette restructuration. "Danone se portait très, très bien. C'est uniquement pour des raisons de rentabilité financière à court terme que ces emplois ont été supprimés", a déploré sur Europe 1, Jocelyne Hacquemand, secrétaire de la fédération nationale agroalimentaire et forestière CGT.

La classe politique a-t-elle réagi ? 

Les révélations de L'Humanité ont, sans surprise, provoqué une levée de boucliers. Nombre de députés communistes ou socialistes ont réagi sur Twitter. 

Les parlementaires ont également fait entendre au Sénat leur mécontentement devant la ministre du Travail. Cette plus-value "a été réalisée grâce à une flambée boursière en faveur de Danone suite à l'annonce de la suppression de 900 emplois", a accusé Eliane Assassi, la présidente du groupe Communiste, républicain et citoyen dans un rappel au règlement effectué à la reprise de l'examen du projet de loi habilitant le gouvernement à légiférer par ordonnances pour réformer le Code du travail.

"Ce point est extrêmement grave sur le plan éthique et peut-être sur le plan juridique car, de par vos fonctions, vous avez organisé ce plan social et en avez récolté les fruits pour votre profit personnel", a fustigé Eliane Assassi. "De là à parler de délit d'initié, il n'y a qu'un pas à franchir."

Comment la ministre s'est-elle défendue ? 

Interpellée par Eliane Assassi, Muriel Pénicaud a d'abord critiqué le mal-fondé de sa question. "Nous sommes ici pour fabriquer la loi, et pas pour faire de la démagogie ou de la désinformation sur des faits ou des personnes, en l'occurrence moi", lui a répondu Muriel Pénicaud."Chacun est libre d'apprécier un niveau de rémunération", a-t-elle ajouté. 

il s'agit d'une rémunération décidée des années avant le plan de départ volontaire

Muriel Pénicaud, ministre du Travail

au Sénat

Son cabinet a fourni de plus amples précisions à LCI. Si "cette levée de stock-options a bieu eu lieu en 2013", l'entourage de Muriel Pénicaud précise que la ministre était "dans son droit" et qu'elle a pris cette décision "en toute transparence". "Plusieurs semaines" séparent également l'annonce du "plan de restructuration" de la revente des stock-options. Enfin, la somme de 1,13 million est "une somme brute" sur laquelle la ministre a payé des impôts. 

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