"La retraite, ça ne donne pas envie, c'est vraiment la dernière étape avant le décès !" : Marie et Quentin, étudiants, ont du mal à se projeter
Alors qu'une manifestation interprofessionnelle se profile le 5 décembre contre la réforme des retraites, franceinfo vous propose tous les jours des portraits de Français face à leur retraite. Mardi, Marie et Quentin, 22 ans, nous parlent de leur difficulté à imaginer les conséquences de la réforme sur leur propre retraite.
Marie et Quentin, 22 ans, discutent autour d'un café. Elle est en master de droit, lui en troisième année d'école de kiné. Leur départ à la retraite n'est pas prévu avant 2065. "Pour moi, retraite, ça rime avec vieillesse", commence Marie en évoquant la réforme actuelle des retraites.
"Ça ne donne pas envie, c'est vraiment la dernière étape avant le décès. A notre âge, on ne veut pas penser à la retraite." Quentin confirme : "C'est compliqué, en tant qu'étudiant, de réfléchir à ce que sera notre situation dans cinq ans, donc se projeter dans 50 ans, c'est encore plus compliqué. La question, c'est est-ce qu'il y aura toujours une humanité en 2065 ? Avec l'urgence climatique, je me dis juste que si ça se trouve, je n'aurai jamais de retraite, mais juste parce qu'on sera tous morts avant !"
Notre vie active n'a même pas commencé, je ne vais pas calculer le temps qu'il me reste avant cette période qui est le couloir de la mort !
Marieà franceinfo
Ces jeunes sont aussi convaincus qu'ils ne pourront pas compter uniquement sur le système de retraites pour leurs vieux jours. "Il apparaît plutôt évident que la retraite qu'on va avoir va être inférieure à ce que des actifs auront aujourd'hui, confie Camille. Quand on voit le système à points qui va prendre en compte l'ensemble de notre carrière, forcément ce sera moins intéressant qu'un actif aujourd'hui qui va partir à la retraite avec comme calcul les six derniers mois. Il va falloir combler un petit peu cette différence avec d'autres ressources et d'autres revenus."
"Je préfère me battre pour d'autres causes"
"J'ai un prêt étudiant de 36 000 euros, désespère Quentin, et je me dis que ce ne sera pas tout de suite que je pourrai mettre de côté pour ma retraite, parce qu'il faut déjà vivre et rembourser ce prêt. Il y a quelques années, j'aurais dit : je vois ma retraite à 64 ans. Mais maintenant, après plusieurs stages en libéral, je me rends compte que ce n'est pas aussi simple."
Alors ces étudiants seraient-ils prêts à se mobiliser contre la réforme des retraites dans les prochains jours ? Marie ne compte pas manifester. "On est dans une société où il y a encore des problèmes sur l'égalité entre les hommes et les femmes, on parle aussi bien entendu d'écologie. Je préfère me battre pour ce genre de cause plutôt qu'aller manifester pour les retraites", affirme l'étudiante en droit.
"C'est pas parce qu'on va manifester demain contre la réforme des retraites qu'on ne peut pas manifester après-demain contre la gestion écologique actuelle", conteste son camarade. Mais Quentin ne descendra pas pour autant dans la rue. "De toute façon, ajoute l'étudiant, il y aura au moins 18 autres réformes des retraites d'ici ma fin de carrière."
Tous les jours jusqu'à la journée de grève du 5 décembre, franceinfo va à la rencontre de Français pour les entendre et comprendre à travers leurs témoignages les enjeux de la réforme des retraites et ses implications futures.
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