"Quand je racontais mon week-end, j'utilisais des prénoms mixtes" : un sondage montre les difficultés des LGBT+ au travail
Un quart des personnes LGBT+ ont déjà été victimes de moqueries ou d'insultes sur leur lieu de travail, c'est ce qui résulte d'une étude réalisée par l'Ifop. Près de la moitié des personnes interrogées préfèrent même ne pas dévoiler leur orientation sexuelle à leurs collègues.
"J'ai eu un collègue homophobe, ou idiot, qui avait des propos assez désobligeants à mon encontre. Par exemple, quand il me voyait il disait 'Tiens voilà le petit pédé' !" Arnaud, 52 ans, est commercial. Dans sa nouvelle entreprise, il a fait le choix de taire son homosexualité, pour fuir ce genre de commentaires.
Comme lui, un quart des personnes LGBT+ (lesbienne, gay, bisexuelle et trans) disent avoir été victimes de moqueries ou d'insultes sur leur lieu de travail. C'est ce qui ressort d'un baromètre réalisé par l'Ifop pour l'association L'Autre cercle. Le sondage montre également que près de la moitié des personnes LGBT+ préfèrent taire leur orientation sexuelle par crainte d'être mises à l'écart.
Ne pas trop détailler sa vie privée
Aujourd'hui, Arnaud l'assure, l'homosexualité n'est pas toujours bien acceptée : "J'ai ressenti qu'avec certaines personnes, il pouvait y avoir des difficultés, des jugements. Dans mon ancienne entreprise, une fois, je suis allé boire un café avec le responsable de l'atelier. On m'a dit 'Tu vas boire un café avec ta femelle ?' Je l'ai très mal pris, la personne s'est excusée et après les choses allaient mieux. Mais ça a été difficile."
Oscar, 31 ans, a décidé dès le début de taire son homosexualité. Il travaille dans une multinationale et a toujours trouvé des parades pour ne pas dévoiler son orientation sexuelle : "Quand je racontais mon week-end, j'utilisais des prénoms mixtes, comme ça mes collègues ne savaient pas si je parlais de mecs ou de nanas."
"C'était un peu comme si j'avais deux personnalités différentes"
Ce n'est qu'une fois intégré dans son entreprise qu'Oscar a fini par dire la vérité : "C'était un peu comme si j'avais deux personnalités différentes : le mec sérieux au travail, et le vrai moi. Alors qu'en réalité c'est la même personne."
Face aux collègues et à certains mots qui peuvent blesser, l'entreprise a également un rôle très important à jouer. C'est ce que pense Carole Santo, directrice artistique et pédagogique d'une société de communication qui accompagne justement les entreprises sur ces questions : "Il y a une forme de déni. Les entreprises disent qu'elles ne sont pas contre l'homosexualité, mais qu'il n'y en a pas parmi les salariés, et c'est pour ça qu'elles ne communiquent pas là dessus. Mais dès que des actions de communication sont lancées, les personnes homosexuelles se trouvent dans un écrin rassurant et se disent qu'elles peuvent travailler en toute sécurité."
Ce serait donc le climat dans l'entreprise et les décisions prises par la direction qui permettraient à chacun de dire et d'affirmer son identité. Selon le baromètre Ifop, 30% des personnes interrogées déclarent mal vivre le fait de ne pas être visible.
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