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"Quand tu veux quelque chose, tu vas jusqu'au bout" : après un mois de grève, les femmes de chambre d'un hôtel Ibis à Paris poursuivent leur combat

Une vingtaine d'employées d'un prestataire de l'hôtel luttent pour de meilleurs salaires et conditions de travail depuis le 17 juillet.

Article rédigé par franceinfo - Avec France Bleu Paris, Sarah Tuchscherer, édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les grévistes devant l'hôtel Ibis Clichy-Batignolles, à Paris, le 16 août 2019. (NICOLAS FILLON / RADIO FRANCE)

"Quand tu arrives chez toi, tu ne peux rien faire. Nous sommes malades, des gens ont mal au dos, mal aux pieds, mal aux bras, on sent la fatigue", témoigne à la mi-août Rachel, 45 ans, gouvernante depuis 2003 à l'hôtel Ibis Clichy-Batignolles, à Paris. Depuis un mois, elle est en grève illimitée, comme une vingtaine de ses collègues.

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"Les conditions de travail sont très très difficiles. Ici, une femme de chambre qui a quatre heures de travail, au lieu d'avoir 18 chambres, elle se retrouve avec 32. Les gouvernantes contrôlent 120, 130 chambres par jour, c'est trop !", raconte l'employée à France Bleu Paris. Pour dénoncer ces cadences infernales, les mauvais traitements et réclamer une meilleure rémunération, ces femmes ont donc stoppé le travail depuis le 17 juillet. Chaque jour, devant cet imposant hôtel – le deuxième plus grand de la chaîne en Europe, avec 700 chambres – elles dansent, chantent et jouent du tambour pour se faire entendre.

Une sous-traitance pointée du doigt

Ces femmes de chambre et gouvernantes sont employées par un prestataire, la société STN, sous-traitant du groupe Accor, qui détient la chaîne d'hôtels Ibis. C'est bien là l'un des problèmes soulevés par les grévistes : "La sous-traitance, c'est de l'arnaque, juge Rachel. On est mal payées, on fait des heures supplémentaires non payées. On en a ras-le-bol, il faut que ça s'arrête."

On veut travailler directement avec l'hôtel, pas avec la sous-traitance, comme ça c'est mieux, on sera au même niveau que les gens d'Ibis.

Rachel

"On nous demande plus, mais à la fin du mois, il n'y a rien : 700 euros, 800 euros", se désole Sylvie, femme de chambre à l'Ibis Clichy-Batignolles depuis sept ans. "On a plein de femmes de chambre qui sont tombées malade. Plein de filles ici sont en arrêt. Pourquoi ? Parce que les conditions de travail ne sont pas bonnes."

Les grévistes sont soutenues financièrement par une cagnotte en ligne et par la CGT des hôtels de prestige et économiques. Elles promettent de faire durer la grève : "La lutte que nous faisons, c'est difficile. Un mois de grève, c'est vrai que c'est dur. Mais ce n'est pas si dur, parce que quand tu veux quelque chose, tu vas jusqu'au bout", lance Rachel. Sylvie confirme : "On est là, le combat continue, on ne va rien lâcher."

Des grèves souvent victorieuses pour les femmes de chambre

D'autres conflits du même type ont eu lieu l'an dernier dans des hôtels franciliens : dans le 2e arrondissement de Paris, une partie du personnel en charge du nettoyage du palace parisien Park Hyatt Vendôme s'était mobilisée durant 87 jours, avec succès. Le personnel a aussi obtenu l'élection de représentants. Au Royal Monceau, les employées ont décroché une hausse des salaires de 3 à 6%.

Autre exemple enfin, les 111 jours de grève tenus par les salariées du Holiday Inn de Clichy, des femmes de chambre essentiellement, qui ont obtenu gain de cause. Elles ont fini par être embauchées par l'établissement. Mais cette revendication d'internalisation des tâches reste difficile à satisfaire. Une question de temps, selon un responsable de la CGT, qui explique qu'il faudrait attendre que les contrats en cours arrivent à échéance.

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