Emploi : trois questions sur les contrats aidés, dans le viseur du ministère du Travail
Alors que la ministre Muriel Pénicaud juge que les contrats aidés sont inefficaces et trop coûteux, plusieurs maires et syndicats montent au créneau pour défendre ce dispositif.
Le gouvernement les juge "coûteux" et "pas efficaces dans la lutte contre le chômage". L'exécutif envisage de réduire le nombre de contrats aidés, déjà en nette baisse en 2017 par rapport aux années précédentes. Cette orientation est contestée par certains syndicats, mais aussi par des maires qui s'inquiètent des conséquences au niveau local de cette nouvelle stratégie. De quoi s'agit-il exactement ? Franceinfo fait le point sur ce qu'il faut savoir de ce dispositif qui bénéficie aux personnes éloignées de l'emploi.
1Les contrats aidés, qu'est-ce que c'est ?
Les contrats aidés sont des emplois subventionnés par les pouvoirs publics, dont le but est de diminuer le coût d'embauche et de formation pour les employeurs. Ce dispositif s'adresse aux personnes qui peinent à trouver du travail ou qui manquent d'expérience, notamment les jeunes et les chômeurs de longue durée.
Les employeurs qui ont recours à ce type de contrats – emplois d'avenir, contrats starter et contrats initiative emploi – bénéficient d’aides, sous forme de subventions à l’embauche, d'aides à la formation ou d’exonérations de certaines cotisations sociales.
2Pourquoi sont-ils menacés ?
Parce que le gouvernement, qui s'est engagé à faire 20 milliards d'euros d'économies sur le budget, a signifié sa volonté de réduire drastiquement le nombre de contrats aidés pour 2018. Alors qu'en 2016, 459 000 contrats aidés ont été signés, seuls 293 000 doivent l'être sur l'année 2017. "La solution de demain, sur le long terme, ce n'est pas de l'emploi court terme précaire en contrat aidé", a argumenté la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
"Des études de la Dares [le service statistique du ministère], de l'OCDE comme de la Cour des comptes montrent trois choses, a-t-elle énuméré lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée, mercredi 16 août. Un, les contrats aidés sont extrêmement coûteux pour la nation ; deux, ils ne sont pas efficaces dans la lutte contre le chômage ; et trois, ils ne sont pas un tremplin pour l'insertion professionnelle."
Quelques jours auparavant, dans une interview au Parisien, le Premier ministre avait assuré que "les emplois aidés ne débouchent malheureusement pas sur des emplois stables", comme l'avait également relevé la Cour des comptes dans un audit. Lors d'un déplacement dans le Gers vendredi, Edouard Philippe a donné les mêmes arguments, estimant que les emplois aidés ont "très longtemps été un instrument de gestion opportune et politique parce qu'on les développait curieusement à la veille d'élections présidentielles". Le budget pour 2017 prévoyait initialement 280 000 nouveaux contrats aidés, mais le gouvernement de Bernard Cazeneuve en avait déjà programmé les deux tiers au seul premier semestre.
3Pourquoi la position du gouvernement fait-elle polémique ?
Aurore Bergé, porte-parole des députés La République en marche (LREM), a défendu la position du gouvernement, le 17 août sur RMC, en affirmant que "l'Etat, plutôt que de subventionner l'emploi, devrait accompagner la formation". Mais la position du gouvernement suscite l'"inquiétude" des élus locaux. Dans un courrier adressé mercredi à Muriel Pénicaud, le vice-président de l'association des maires de France (AMF), André Laignel, a défendu les contrats aidés, "dotés d'un rôle d'amortisseur social non négligeable dans les territoires".
Les contrats aidés sont souvent utilisés dans le milieu scolaire pour embaucher des accompagnateurs, des auxiliaires de vie ou des employés de restauration. Or, les communes n'ont été informées que "très récemment" que "ce type de contrats ne serait plus accordé et que les renouvellements de ces contrats seraient à prioriser selon des critères qui doivent être précisés", affirme André Laignel, par ailleurs maire PS d'Issoudun (Indre), cité par l'AFP. Pour faire pression sur le gouvernement, dix-huit maires de l'île de La Réunion, confrontés à la baisse du nombre de contrats aidés, ont d'ailleurs annoncé, mercredi, qu'ils reportaient la rentrée scolaire, initialement prévue vendredi, au 22 août dans les écoles maternelles et élémentaires.
"On voit bien que le gouvernement a fait le choix d'abord de câliner la finance, et dans le même temps de s'en prendre aux collectivités territoriales" et aux "associations", a pour sa part fustigé le député communiste Sébastien Jumel, sur RTL. De son côté, Force ouvrière (FO) a demandé, dans un communiqué, le maintien des contrats aidés, qui ont, selon le syndicat, des "effets favorables sur l'emploi et le chômage" en période de "ralentissement économique".
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