Élections professionnelles dans les TPE : un scrutin crucial... dans l'indifférence générale
À partir de vendredi, les employés à domicile et les salariés des TPE sont appelés à désigner les organisations syndicales qui les représenteront, ainsi que les conseillers prud'hommes. Le flop du premier scrutin, en 2012, pourrait bien se réitérer.
Coiffeurs, boulangers, concierges, assistantes maternelles... Vous êtes tous concernés ! À partir de vendredi 30 décembre et jusqu'au 13 janvier prochain, les employés à domicile et les salariés des très petites entreprises (TPE), celles qui emploient moins de onze salariés, sont appelés à voter. Ils doivent désigner, par vote électronique ou par courrier, les syndicats qui vont les représenter pour les quatre années à venir au niveau national et dans des commissions paritaires régionales, ainsi que les conseillers prud'hommes.
Indifférence... voire hostilité
Malgré les 4,5 millions de courriers expédiés par le ministère du Travail, malgré les actions de sensibilisation de la part des syndicats, la plupart des salariés des TPE interrogés par franceinfo ignorent la tenue de ces élections syndicales. Quant à ceux qui sont au courant, la plupart ne comptent pas voter.
"J'ai reçu un courrier dans ma boîte aux lettres, raconte Frédérique, 50 ans, salariée-gérante d'un minuscule magasin de journaux. J'ai ouvert l'enveloppe, j'ai vu que c'était les syndicats et j'ai jeté, parce que ça ne m'intéresse pas. Je n'y crois absolument pas."
Quand j'entends 'syndicat', j'entends 'grève'. J'entends 'aucune discussion possible'. Je suis vraiment contre les syndicats.
Frédérique, salariée-gérante d'un bureau de presseà franceinfo
En face du magasin de Frédérique, Stéphane travaille dans une brasserie, dont il est, lui aussi, salarié-gérant. Il a reçu le matériel de vote "il y a à peu près trois semaines", mais il indique l'avoir "donné à la comptable pour qu'elle s'en occupe". "C'est elle qui va prendre ça en charge et qui va me renseigner sur la marche à suivre", ajoute-t-il.
Sur le papier, l'enjeu est pourtant de taille : en votant, les 4,5 millions d'employés à domicile et de salariés des TPE vont désigner ceux qui les défendrons aux prud'hommes, ainsi que les organisations qui pourront les informer sur les conditions de travail, la santé, la formation... ou intervenir en cas de conflit avec l'employeur.
Éviter de réitérer le flop de 2012
Pour Carole, 26 ans, préparatrice dans une petite pharmacie, l'argument fait mouche : "Je pense que c'est une bonne chose de pouvoir bénéficier de cet avantage. Au moins, on peut se défendre !" explique-t-elle. Et d'ajouter : "Même si on n'est pas beaucoup dans l'entreprise, on peut avoir un souci avec son employeur."
C'est un avantage de pouvoir se défendre avec des syndicats
Carole, préparatrice en pharmacieà franceinfo
Reste pour Carole à choisir le syndicat pour lequel elle va voter : "CGT, FO, CFDT, CFE, je ne sais quoi... Il y en a beaucoup, c'est très compliqué ! Mais si on nous donne des revues comme pour l'élection présidentielle, alors on lit, on s'informe, et on fait les choses en notre âme et conscience." En 2012, les premières élections professionnelles dans les TPE avaient fait un flop. Seuls 10% des salariés concernés étaient allés voter. Conscient du problème, le ministère du Travail et les syndicats vont continuer à mobiliser jusqu'à la fin du scrutin, le 13 janvier.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.