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Carte Face au risque de sécheresse, 11 départements ont déjà pris des mesures de restriction d'eau

Dans plusieurs régions, la sécheresse est en avance sur le calendrier de l'été, ce qui inquiète les agriculteurs et les pouvoirs publics.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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11 départements ont pris des mesures de restriction d'eau en France.  (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

Onze départements ont déjà pris des mesures de restrictions d’eau en raison de la sécheresse, selon les informations communiquées mardi 14 mai par Emmanuelle Wargon, la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, à l'issue de la commission de suivi hydrologique. "Ça nous permet de suivre au plus près et aussi de sensibiliser tous les usagers à un usage raisonnable", estime Emmanuelle Wargon. 

L'Indre est en alerte rouge. Les Pyrénées-Orientales et la Vienne sont en alerte orange. Le Nord, la Charente-Maritime, la Charente, les Deux-Sèvres, la Creuse, le Rhône, l'Ain, et l'Isère sont en alerte simple. Six autres départements sont en vigilance. 

Le niveau des nappes phréatiques est anormalement bas

En surface, la terre est humide et la végétation foisonnante. Mais c'est un leurre. L'eau manque en profondeur. "Ça fait deux ou trois ans que l'on est un peu dans la même situation, on démarre au printemps avec un déficit en eau," constate Georges Cornuez, qui travaille aux espaces verts à Lentilly (Rhône)

Quand j’ai commencé dans les années 1980 on n'avait pas ce problème, au mois de mars il ne faisait que pleuvoir. Maintenant ce n'est plus comme ça !

Georges Cornuez

Le mois de février a été particulièrement sec, et le printemps venu, la végétation manque d'eau. "Et on constate qu’il y a de plus en plus de vent. Ça n’arrange pas !" se désole Georges Cornuez. Les pluies récentes dispensent certains paysans d'arroser, mais elles ne suffisent pas à rattraper le déficit d'eau.

"La végétation pousse aussi vite qu’il pleut et en fait elle consomme toute cette pluie sans que cette eau puisse aller dans la nappe phréatique" constate Stéphane Peillet, céréalier, et vice-président en charge de l'eau à la chambre d'agriculture. "On n’a pas d’eau pour l’été. On est actuellement en train d’aller chercher au canal de Jonage pour amener l’eau du Rhône pour éviter d’être tributaires de la nappe phréatique et la laisser à d’autres usages, l’eau potable, les industriels" explique l'agriculteur.

"On va vers des épisodes plus secs"

La Garonne, qui alimente un million et demi d’habitants en eau et irrigue 100 000 hectares, est au plus bas pour la période. "Pour le mois de mai, il y a à peu près deux fois moins d’eau que d’habitude. L’année dernière il y avait beaucoup plus d’eau que cela. C’est préoccupant, les débits sont très bas," s'inquiète Bernard Leroy, ingénieur au Syndicat mixte d'étude et d'aménagement de la Garonne.

Les réserves n’ont pas encore été entamées, mais les agriculteurs se préparent. David Eychenne, éleveur de vaches gasconnes dans l’Ariège sait déjà que le foin va manquer. "Il serait temps de faire du foin, mais le foin serait maigre parce qu’au pied il n'y a pas grand-chose, il n'y a quasiment pas de feuilles, explique l'éleveur. C’est sûr que ça va poser problème pour la constitution des stocks. Il va manquer de la matière, cela paraît assez évident."

Des assises de l'eau 

"L’an dernier, constate cet éleveur, on a eu une pluviométrie impressionnante, et cet hiver, presque rien. Il y a deux trois ans, pareil, on a eu un printemps un été très sec. J’ai l’impression qu’on va vers des épisodes plus secs, en tous cas atypiques.

Selon le ministère, la France est cette année à 17% de déficit de pluviométrie par rapport à une année normale. "On sait qu'on va avoir de la tension avec l'eau probablement chaque année désormais à cause du changement climatique", estime Emmanuelle Wargon. La secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire plaide pour une amélioration du système de gestion de l'eau en France. Les assises de l'eau, qui ont lieu en ce moment, doivent permettre de trouver des solutions. "Comment est-ce qu'on partage les usages au mieux ? Comment on permet des retenues d'eau mais pas dans n'importe quelles conditions et comment on peut mieux économiser ?", détaille la ministre qui dit préparer une feuille de route à moyen et long terme. 

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