Glyphosate, loi alimentation, "agribashing" : trois choses à retenir de l'interview d'Emmanuel Macron avant le Salon de l'agriculture
Le chef de l'Etat a balayé de nombreux sujets dans un entretien accordé à plusieurs titres de presse régionale.
Il se présente comme "le président des Français et des Françaises avec un attachement particulier à l'agriculture, qui participe de l'art d'être français." Alors que le Salon de l'agriculture doit ouvrir ses portes samedi, Emmanuel Macron a évoqué, jeudi 20 février, de nombreux sujets de préoccupation des agriculteurs dans un entretien accordé à plusieurs titres de la presse régionale.
Franceinfo liste ce qu'il faut en retenir.
Sur le glyphosate : l'objectif de fin totale de l'utilisation en 2021 n'est "pas tenable"
Il l'avait déjà laissé entendre, il le confirme cette fois noir sur blanc : l'objectif de la fin définitive du glyphosate dans l'agriculture française en 2021 ne sera "pas tenable sur la totalité des exploitations", indique Emmanuel Macron. "Le gouvernement a saisi l'Anses [l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation] et l'Inra [l'Institut national de la recherche agronomique] pour identifier les alternatives viables et pour organiser une sortie du glyphosate sur des bases objectives", explique le chef de l'Etat.
D'ici la fin de l'année, l'Anses aura déterminé les usages et les doses autorisées afin de sortir du glyphosate dès lors qu'il y a des alternatives viables pour nos agriculteurs.
Emmanuel Macronà la presse régionale
Le président de la République, qui promettait fin 2017 une interdiction de ce pesticide "au plus tard dans trois ans", est désormais bien plus prudent. Il estime cette fois que "sur la base des travaux déjà réalisés, il est possible d'envisager une réduction très importante des quantités utilisables en viticulture ou en arboriculture".
Sur "l'agribashing" : "Je ne tolérerai aucune violence"
Élevages envahis, agriculteurs agressés, pesticides mis à l'index : contesté par une partie de la société pour ses pratiques, une partie du monde paysan s'est rebiffé l'an dernier contre "l'agribashing", un terme popularisé par la FNSEA désignant un dénigrement permanent de la profession – et qui ne fait pas l'unanimité chez les agriculteurs.
"Nous sentons aujourd'hui une tension forte dans la société et il faut à la fois protéger les agriculteurs contre les stigmatisations dont ils sont l'objet et réussir la transformation du modèle agricole", estime Emmanuel Macron dans cette interview, avant de prévenir qu'il ne "[tolérera] aucune violence à l'encontre des agriculteurs". "Qu'il y ait des lanceurs d'alerte, c'est une chose ; mais on ne peut pas accepter cette forme d'activisme violent", martèle-t-il.
Sur la loi alimentation : "Quatre millions d'euros d'amendes ont été prononcées"
Emmanuel Macron revient enfin sur la loi Agriculture et Alimentation, promulguée en octobre 2018, et qui vise notamment à éviter que la bataille des prix entre les grands acteurs de la distribution en France se fasse au détriment de la rémunération des agriculteurs.
"La loi alimentation commence à produire des effets", mais il faut que "tous les acteurs de la chaîne soient responsables", assène Emmanuel Macron, qui félicite le groupe Lidl "qui contractualise, donne du prix et de la visibilité" aux agriculteurs.
Le président de la République pointe en revanche du doigt le comportement de Leclerc, et annonce que "quatre millions d'euros d'amendes ont été prononcées envers les distributeurs pour non-respect des règles". "La grande difficulté que nous rencontrons, ce sont ceux qui essayent de contourner la loi avec leurs centrales d'achats en Belgique ou ailleurs. Ce ne sont pas des tendres, moi non plus, ça tombe bien", lance Emmanuel Macron.
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