"Le but n'est pas de se confronter, mais d'apprendre à se connaître" : des bénévoles défenseurs des loups aux côtés des bergers pour surveiller les troupeaux
Tout l'été grâce au programme d'écocitoyenneté "Pastoraloup", des bénévoles engagés pour la protection des loups aident pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines des éleveurs et bergers à surveiller les troupeaux en montagne, pour éviter les attaques.
Sous les sapins dans une pente abrupte, un troupeau de près de 1 200 brebis profite de l'herbe grasse de la montagne, sur les hauteurs de Prads, à 1 800 mètres d'altitude, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Pour les guider, un chien et deux jeunes bergers : Paul et Marianne. "Actuellement on les mène jusqu'aux crêtes et puis on fait un tour et on redescend le soir", explique Marianne."On leur fait des petits circuits de pâturage, continue Paul. On va chercher l'herbe et puis on se met à des endroits où elles aiment bien rester manger." Et à chaque pas, il faut être vigilant car le loup n'est pas loin.
Quand tu gardes (les brebis) la journée et que tu ne dors pas la nuit, tu ne t'en sors pas.
Paul, bergerà franceinfo
Il y a quinze jours, un petit groupe de brebis a été attaqué dans la vallée et Marianne en a même vu deux, tout près du troupeau. "Ils se baladaient comme ça, ils avaient l'air assez jeunes mais pas petits, se souvient-elle. C'est vraiment impressionnant".
Il faut donc surveiller le troupeau tout le temps et c'est loin d'être facile. "On a des potes qui ont passé des semaines où ils se faisaient attaquer par le loup à ne pas dormir", raconte Paul.
La nuit, un bénévole prend le relais
Mais grâce au programme d'écocitoyenneté "Pastoraloup", mis en place par l'association "Férus" il y a 20 ans, Paul et Marianne peuvent désormais dormir tranquilles. Les deux bergers passent le relais la nuit à un bénévole, Éric, qui plante sa tente dans l'enclos où les brebis se reposent. "On est là, on est tout seul. Il fait nuit noire et vous regardez, vous surveillez, raconte-t-il. Vous êtes attentif à ce qui peut se passer : regarder que le parc est bien fermé, que les moutons vont bien, qu'il n'y ait pas de signes d'alerte, d'angoisse. S'il y a un mouvement de panique, on l'entend".
À un moment, je me suis dit il faut aller voir. Il faut aller participer, mesurer la pression du loup.
Eric, bénévoleà franceinfo
C'est la deuxième fois qu'Éric participe à cette mission. Dans la vie, il est libraire à Strasbourg mais il est aussi passionné par le loup, qu'il défend souvent contre les éleveurs qui veulent le chasser. Avec cette expérience, Eric a voulu comprendre pour ensuite "avoir un vrai discours qui permet de travailler à la coexistence entre le retour de cet animal un peu mythique et aussi des formes de pastoralisme, d'agriculture des montagnes qui méritent peut être aussi d'être entendues et défendues", estime-t-il.
Pour Eric, "le but n'est pas de se confronter, mais d'apprendre à se connaître", explique-t-il. Et pour assurer un dialogue apaisé les bénévoles, défenseurs du loup et les éleveurs signent avant de se rencontrer un contrat où ils s'engagent notamment à respecter les positions de chacun.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.