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Le flou réglementaire autour des "nouveaux OGM" qui arrivent en Europe inquiète les écologistes

L'Union européenne (UE) doit se pencher sur la réglementation des "nouveaux OGM" cette semaine, une nouvelle technique pour "protéger" les végétaux qui provoque l'ire des associations écologistes.

Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un agriculteur sème du maïs en Eure-et-Loir, en avril 2021. Photo d'illustration. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Une action de Greenpeace a eu lieu lundi 26 avril devant le ministère de la Transition écologique à Paris, pour alerter sur la fragilité de la réglementation autour des "nouveaux OGM". Un rapport de la Commission européenne doit faire un état des lieux cette semaine. Les ONG craignent un assouplissement de la réglementation.

Obtenir des plantes "naturellement résistantes aux virus"

La technologie pour fabriquer ces "nouveaux OGM" se sert de la mutagenèse, une technique qui s’est fortement développée dans les années 2000. Elle consiste à modifier le génome d’une plante de façon très précise. La grande différence par rapport aux "OGM classiques", c’est qu’on n'utilise pas de morceaux d’ADN étrangers qui viennent d’autres végétaux.

Résultat de cette mutation : les champignons ou les pommes ne brunissent pas. Ça peut aussi permettre d’adapter des plantes aux situations de sécheresse, mais aussi aux attaques de virus. "L'enjeu va être d'obtenir des plantes qui sont naturellement résistantes aux virus et donc on n'aura pas à les traiter pour qu'elles ne tombent pas malades, explique Jean-Luc Gallois, directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique (INRAE). Et en cela, ça copie les mécanismes de résistance qui ont évolué naturellement au cours de la sélection des végétaux." 

La crainte d'effets non désirables

La France en est actuellement au stade de la recherche. Mais les États-Unis, eux, sont déjà au stade de la commercialisation selon Greenpeace, pour le colza et le soja. "Le problème avec les nouveaux OGM, c'est qu'on utilise une technique qui va modifier le génome, et qu'il peut y avoir énormément d'erreurs génétiques, affirme Suzanne Dalle, chargée de campagne "agriculture" à Greenpeace. Ce risque d’effet non intentionnel peut pousser "la plante à produire un allergène ou une toxine qu'elle ne produisait pas précédemment, ou changer le niveau de production de ces allergènes ou de ces toxines-là."

Des membres de l'ONG Greenpeace France ont manifesté contre les "nouveaux OGM" devant le ministère de la Transition écologique à Paris, lundi 26 avril. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Les craintes d'autres opposants aux organismes génétiquement modifiés est que ces "nouveaux OGM" échappent à la réglementation actuelle. Une loi contraignante qui existe depuis 2001 est fixée au niveau européen. Mais cette dernière n’a pas formellement pris en compte la nouvelle génération des OGM.

La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) et le Conseil d’État français ont estimé que ces méthodes génétiques entraient dans le cadre des OGM. Mais un rapport de la Commission européenne doit faire l’état des lieux en fin de semaine. Encore très récemment, le ministre de l’Agriculture Julien de Normandie s’est prononcé pour la sélection variétale. Une annonce qui a provoqué l'action de ce début de semaine menée par Greenpeace. L'ONG demande la position officielle de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili.

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