: Reportage "Ça nous coûte très cher" : des éleveurs du Béarn inquiets face à la propagation de la maladie bovine MHE
Les premiers cas de la maladie hémorragique épizootique (MHE) sur le territoire français ont été signalés le mois dernier. Plus de 1 000 foyers sont actuellement recensés, essentiellement dans le sud-ouest. Mais même si le taux de mortalité reste faible, cette maladie bovine non transmissible aux humains complique le travail des éleveurs. Frédéric, éleveur de vaches allaitantes près de Pau, commence à y être habitué et repère désormais les symptômes au premier coup d'œil.
"Celle-là, elle commence à baver un peu et celle qui a le plus mal, c'est celle qui est couchée. Elle ne rumine plus depuis quatre ou cinq jours", constate-t-il. En quelques semaines, le virus transmis par de petits moucherons s'est propagé dans son élevage. L'une de ses bêtes n'y a pas survécu : "On a essayé de s'en occuper au mieux, on l'a traitée, mais elle est morte".
Les infections ralentissent les exportations
Les autres bêtes sont très affaiblies et peuvent perdre jusqu'à 50 kilos par jour. Quarante cas de MHE ont été recensés chez lui en un mois, au grand dam de l'éleveur. "Il n'y a pas grand-chose à faire, à part des anti-inflammatoires pour leur calmer la douleur et un antibiotique pour essayer de couvrir une surinfection", se désole Frédéric. Même si elles ont été assouplies, les restrictions sur les exportations de bovins restent contraignantes. "À partir du moment où on veut vendre notre veau, il faut se dire qu'il faut attendre 14 jours pour qu'on le désinsectise, après il faut entre 10 et 14 jours de plus pour avoir le résultat du test. Donc c'est infernal, ça nous coûte très cher".
Benjamin Vidal, un vétérinaire spécialiste des bovins, constate de son côté une évolution de la maladie bovine. "Depuis trois bonnes semaines, on y est confronté quotidiennement sur le nord-Béarn, nord-Pau et sur les Landes, mais également dans le Gers. Il y a entre 10 et 20 cas par jour, facilement", dit-il.
1 194 cas recensés mi-octobre
Le 6 octobre dernier, le ministère de l'Agriculture recensait ainsi 53 foyers, puis 453 foyers le 12 octobre et 1 194 le 20 octobre. Huit départements du sud-ouest sont désormais concernés et d'autres animaux semblent touchés, selon la vétérinaire de petits ruminants Pauline Hoffman. "On a commencé à avoir des cas de brebis avec des faibles mortalités mais avec un amaigrissement et de fortes fièvres, ce qui a conduit à faire des prises de sang. Certaines sont revenues positives à la MHE", explique-t-elle.
Et quand un cas se déclare, tous les élevages à 150 kilomètres à la ronde sont alors soumis aux mêmes restrictions. La maladie MHE a été détectée pour la première fois en Amérique du Nord avant d'arriver en Europe fin 2022.
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