: Reportage En Bretagne, tensions autour du nouveau plan de lutte contre les algues vertes
Vendredi 14 octobre, des orientations ont été présentées aux élus locaux. Si la lutte contre la prolifération des algues vertes devrait s'intensifier, l'association Eau et Rivières de Bretagne estime que la réponse de l'État n'est pas à la hauteur.
Depuis sa fenêtre, Nicole Legall voit la mer... et des algues vertes. Installée à Douarnenez, dans le Finistère, depuis une trentaine d'années, elle est désormais habituée à ce paysage. "Ça veut dire ne plus pouvoir se baigner sur la plage qu'on a fréquentée toute une partie de sa vie, ça veut dire qu'on doit supporter les odeurs, souffle-t-elle. Ça fait presque vingt ans que des associations écologistes disent que l'on va droit dans le mur. Là, on y est."
>> Algues vertes, la lutte sans fin ?
Pas d'algues vertes à Douarnenez cette année. Brune, filamenteuse, une autre espèce a fait son apparition. "Elles sont souvent dans la mer mais il suffit d'une journée où les algues échouent sur la plage pour comprendre à quel point l'écosystème est en danger", assure Jean Hascoet de l'association Baie de Douarnenez Environnement (BDZE).
Nécessité d'un nouveau projet agricole
Pour surveiller la prolifération de ce phénomène envahissant, le Centre d'étude et de valorisation des algues survole les secteurs concernés. Seulement deux baies ont été touchées cette année. Pour l'ingénieur Sylvain Balu, "on est quand même sur une tendance à la baisse". "Nous voyons déjà que, durant les années sèches, nous avons beaucoup moins d'algues que ce que nous avions il y a quelques années", tempère-t-il.
"Mais nous voyons bien que nous ne sommes pas encore au bout du bout."
Sylvain Balu, ingénieur au Centre d'étude et de valorisation des alguesà franceinfo
C'est l'utilisation des nitrates dans l'agriculture qui alimente ces algues vertes. Deux plans de lutte ont déjà été mis sur pied. Mais, pour Arnaud Clugery, directeur de l'association Eau et Rivières de Bretagne, ces mesures ne s'attaquent pas aux racines du phénomène : "Le problème structurel est le nombre d'animaux élevés en Bretagne. Il y en a trop. Il faut réduire ces effectifs, et pas le faire n'importe comment : il faut accompagner cette réduction. Pour ça, il y a normalement de l'argent public qui s'appelle la 'politique agricole commune'. Et, malheureusement, nous constatons que celle-ci n'est pas au service d'un nouveau projet agricole mais qu'elle ne fait que maintenir l'existant, qui nous a conduit dans ce type de pollution que sont les marées vertes."
Il y a un an et demi, la Cour des comptes avait déjà fortement critiqué l'action des pouvoirs publics sur le sujet.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.