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Bretagne : la politique de l'Etat contre les algues vertes ne fonctionne pas, selon la Cour des comptes

Dans un rapport rendu vendredi, la Cour des comptes estime que les plans de l'Etat contre les algues vertes ne sont pas efficaces, et formule des recommandations.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des algues vertes dans la baie de Douarnenez (Finistère), le 21 juin 2021. (MAXPPP)

C'est un véritable réquisitoire contre la politique menée par l'Etat contre les algues vertes. Les plans publics de lutte contre la prolifération de ces algues en Bretagne ont été "mal définis" et n'ont eu qu'un "impact limité", analyse vendredi 2 juillet la Cour des comptes, qui préconise de promouvoir une agriculture "à faibles fuites de nitrates".

La Bretagne, et plus particulièrement les Côtes-d'Armor, est confrontée depuis plus de cinquante ans à l'échouage d'algues vertes sur une petite partie de son littoral, conséquence d'apports excessifs de nutriments (azote et phosphore) venant des fleuves côtiers, conjugués à une morphologie spécifique des baies concernées, relève le rapport. Outre l'impact sur les écosystèmes, plusieurs personnes sont décédées accidentellement depuis 1989 après avoir été exposées aux algues en décomposition qui libèrent un gaz mortel, l'hydrogène sulfuré.

"Seule une action sur l'azote peut permettre de limiter ce phénomène"

Si les données de 2007 à 2020 montrent une "légère tendance à la baisse des échouages d'algues vertes sur les sites sableux", la tendance est à la hausse dans les vasières, notamment dans le golfe du Morbihan. "Les travaux scientifiques montrent que seule une action sur l'azote peut permettre de limiter ce phénomène et que l'azote (nitrates) présent dans les baies est à plus de 90% d'origine agricole", souligne ce rapport de près de 300 pages qui dresse un état des lieux des deux plans de lutte contre les algues vertes entre 2010 et 2019.

Ces plans ont engagé 109 millions d'euros d'argent public, un montant jugé "dérisoire" au regard des 435 à 614 millions d'euros par an d'aides du premier pilier (aides directes aux agriculteurs) de la politique agricole commune (PAC) en Bretagne. Leurs objectifs ont par ailleurs été "mal définis" et leurs effets sont "incertains sur la qualité des eaux", avec un impact "limité" sur le niveau des échouages, tandis que la dynamique de mobilisation des agriculteurs "s'est essoufflée".

Un renforcement des contrôles est recommandé

Ainsi, seuls 19% des paiements du plan 1 et 25% pour le plan 2 ont été "effectivement consacrés à la prévention des fuites d'azote agricole". Les filières agroalimentaires ne se sont, en outre, "pas impliquées dans la prévention des fuites d'azote" et ont même "bénéficié de soutiens publics sans contreparties en termes de prévention de ces fuites", souligne le rapport.

"La réduction significative de ce phénomène ne pourra intervenir que par un élargissement et un renforcement des actions en faveur d'une agriculture à faibles fuites de nitrates", poursuivent les magistrats, qui remettent en cause une approche "fondée sur le volontariat". Le rapport formule huit recommandations, dont étendre les plans d'action au-delà des huit baies concernées, définir des objectifs évaluables et en suivre la réalisation, redéfinir les incitations au changement des pratiques agricoles via la future PAC, ou encore faire respecter la réglementation en renforçant les contrôles.

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