Reportage "La situation est extrêmement tendue" : dans un contexte de crise agricole, les inspecteurs du travail redoutent un nouveau drame

Vingt ans après l'assassinat de deux contrôleurs en Dordogne, les agents de l'État ont manifesté à Paris mardi pour dénoncer un climat toujours très tendu et un manque de soutien du gouvernement.
Article rédigé par Edouard Marguier
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Les syndicalistes se sont allongés au sol pour dénoncer l'insécurité dont ils sont victimes. (CAMILLE MAGNARD / RADIOFRANCE)

Il y a 20 ans, un agriculteur assassinait deux contrôleurs en Dordogne : Sylvie Trémouille, contrôleuse du travail et Daniel Buffière, contrôleur de la MSA, la mutualité sociale agricole. Les syndicats ont organisé un hommage mardi 10 septembre devant le ministère du travail à Paris avec un double objectif : ne pas oublier et évoquer le contexte explosif.

Jean-Pierre Pradelou reste en colère depuis ce 2 septembre 2004 et l'assassinat de ses deux amis contrôleurs sur cette exploitation fruitière de Saussignac en Dordogne. "Daniel, on lui a tiré dans le ventre. Sylvie, on lui a tiré dans le dos. C'est pire que la chasse, c'est n'importe quoi, d'autant que c'était prémédité, il avait chassé sa carabine. J'ai assisté aux huit jours de procès, ça a été très dur", se souvient Jean-Pierre Pradelou. Élu départemental Force ouvrière à la Mutuelle sociale agricole, Jean-Pierre a d’ailleurs cru revivre un drame en janvier dernier, en pleine crise agricole, quand des manifestants ont incendié le bâtiment de la MSA à Narbonne. "Lorsque l'on met le feu à un bâtiment, on a envie de détruire et de tuer des gens", dénonce-t-il.

Les syndicalistes dénoncent également un manque de moyens. (EDOUARD MARGUIER / RADIOFRANCE)

Manque de soutien des employeurs

"Il y a eu ça, des contrôleurs se sont aussi retrouvés avec des voitures renversées il n'y a pas si longtemps", complète Anita Passanante, également syndicaliste FO. À la suite du drame d'il y a 20 ans, un accord a été conclu avec la direction et prévoit de déposer plainte systématiquement en cas d'agression. "Même si l'accord est toujours valable, c'est un peu resté, les employeurs ne portent pas systématiquement plainte", assure Anita.

"Au départ ils ont porté plainte dès qu'il y avait une agression, là maintenant quand c'est une agression verbale on ne fait pas systématiquement."

Anita Passanante, syndicaliste FO

à franceinfo

Les syndicats de la MSA s'inquiètent également du contexte de crise agricole qui perdure. Yohan Augé, élu au syndicat Sud dans le Lot-et-Garonne se sent également abandonné par le gouvernement. "Dans certains départements, des appels à la violence physique contre les agents de l'État de la part de syndicats dans la presse, sur les réseaux sociaux, ne reçoivent aucune réponse de l'État, des ministères de tutelle, sans même parler de procédure judiciaire, même pas de condamnation publique. Madame Vautrin, ex-ministre du Travail a été d'un silence assourdissant. Aujourd'hui la situation est extrêmement tendue." Il dénonce également le manque de moyens. Il y a 10 ans, on comptait 2 400 inspecteurs du travail et quand ils ne sont plus que 1 700 aujourd'hui selon les syndicats.

Dans un contexte de crise agricole, les inspecteurs du travail redoutent un nouveau drame. Reportage d'Edouard Marguier

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