Sécheresse : la FNSEA alerte sur une possible "pénurie de lait dans les mois qui viennent"
A cause de la sécheresse, les animaux "qui sont dans les prés habituellement en cette période, n'ont plus rien à manger", explique sur franceinfo Yannick Fialip, président de la commission économique de la FNSEA.
"Je pense que dans les mois qui viennent, on va avoir une pénurie de lait en France", a alerté vendredi 5 août sur franceinfo Yannick Fialip, éleveur et président de la commission économique de la FNSEA, alors que la sécheresse touche la quasi-totalité des départements de la métropole. "Pour faire du lait, il faut des fourrages, essentiellement de la luzerne et du maïs qui ont peu poussé cette année", souligne Yannick Fialip. Il espère par ailleurs "une hausse" du prix du lait payé aux producteurs pour "assurer la pérennité de la filière".
franceinfo : Quel est l'impact de la sécheresse pour les agriculteurs ?
Yannick Fialip : On a des animaux, qui sont dans les prés habituellement en cette période, qui n'ont plus rien à manger. Il faut apporter des fourrages stockés ce printemps, qui étaient destinés à alimenter les animaux l'hiver, que l'on utilise dès le mois de juillet et le mois d'août.
"On tape dans les stocks. C'est quelque chose d'inhabituel pour nous. On est très inquiet sur la capacité de beaucoup d'éleveurs à pouvoir nourrir leurs troupeaux sur l'ensemble de l'hiver 2022-2023."
Yannick Fialipà franceinfo
Cette sécheresse importante, rassemble deux conditions : un déficit de pluies important et des températures très élevées qui ont eu un effet "sèche-cheveux" sur les plantes qui ont asséché beaucoup de plantes, notamment tout ce qui est fourrage. On a été obligé de récolter très tôt, notamment le maïs.
Le ministre de l'Agriculteur Marc Fesneau a expliqué que sur les aides, cela nécessitera une évaluation après l'urgence. Est-ce que vous aurez besoin d'une aide supplémentaire de l'Etat ?
Il y a un fonds des calamités qui aide les éleveurs à pouvoir avoir accès à des aides qui leur permettraient d'acheter des fourrages, financé à 50% par les éleveurs et à 50% par l'Etat. Il faut que l'on puisse l'activer dans bon nombre de départements pour donner de la trésorerie à des éleveurs. La chose la plus importante, c'est qu'il y ait une meilleure revalorisation des prix payés aux éleveurs. Le prix du lait en France est 20% inférieur au prix du lait payé aux autres producteurs européens, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas. Une des premières mesures serait de mieux rémunérer nos éleveurs, ce qui leur permettraient d'avoir une meilleure trésorerie et d'assurer la pérennité de la filière, parce que l'on a de gros risques que certains éleveurs décident de décapitaliser leur cheptel face à cette situation.
Est-ce qu'il y a des éleveurs qui doivent vendre leur bétail plus tôt que prévu ?
On commence à avoir un afflux d'animaux. On avait vu ce phénomène au printemps où l'on avait vu un certain nombre de cheptel mère – des mères, qui sont des veaux - qui étaient arrivés sur le marché. On a une inquiétude sur cet automne qui va arriver très vite avec des éleveurs qui n'auront pas assez de nourriture, pas assez de trésorerie. Tout le travail du ministre doit être fait autour de cela pour éviter que l'on perde le cheptel. Si on perd le cheptel mère, on perd la capacité à produire des veaux pendant trois ans. Je pense que dans les mois qui viennent, on va avoir une pénurie de lait en France. Pour faire du lait, il faut des fourrages, essentiellement de la luzerne et du maïs qui ont peu poussé cette année. Donc on risque de manquer de lait cet automne et cet hiver.
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