Sécheresse : la récolte de pommes de terre en baisse, les prix vont augmenter
L'arrachage des pommes de terre a commencé en avance en Beauce. Et les craintes des agriculteurs se confirment : en raison de la chaleur et de la sécheresse au printemps et cet été, la récolte sera moins bonne.
Après des mois de sécheresse et plusieurs canicules, l'arrachage a commencé en Beauce avec 15 jours d'avance, mais le rendement est en baisse.
Ce n'est pas une surprise pour Paul Coisnon, jeune agriculteur installé à Outarville dans le Loiret, qui se souvient très bien du premier coup de chaud au printemps : "C'était pendant la période de la tubérisation. C'est un stade qui est très sensible. La température a fait que la plante s'est mise un petit peu en situation de stress, il y a eu un avortement de ces tubercules, d'où la baisse de rendement au final."
"Sur des variétés comme des pommes de terre de consommation courante, on a normalement entre 12 et 14 pommes de terre par pied. Aujourd'hui, on est en-dessous de dix. Et même sept ou huit sur certaines variétés."
Paul Coisnon, agriculteur dans le Loiretà franceinfo
Double peine : sur les pommes de terre plus fragiles, on risque de découvrir des taches noires quand on les épluchera, selon Pierre Coisnon, père de Paul et conditionneur. Il achète et revend les récoltes d'une centaine d'agriculteurs, et s'inquiète pour les mois à venir : "Compte tenu de la chaleur, on pourrait avoir des surprises en stockage. Est ce que les pommes de terre vont se conserver aussi bien que d'habitude ou pas ? Les pommes de terre, c'est un temps de dormance et après elles ont envie de germer, c'est la nature. Je pense qu'elles seront très nerveuses cette année, j'ai peur que ce soit très dynamique."
La situation est pire dans les Hauts-de-France
En Beauce, les pommes de terre ont été irriguées. Ce n'est pas le cas dans les Hauts-de-France, qui fournissent les deux tiers de la production française. "Sur les endroits où ça n'a pas été irrigué, où il y a eu comme partout canicules et sécheresse, les rendements sont dramatiquement bas, confirme Luc Châtelain, président de l'interprofession. On entend des -30%, -35%, -40%. Donc là, réellement, on a des producteurs qui sont en grande souffrance."
Sans doute 1,5 million de tonnes seront perdues en France cette année, ce qui ne signifie pas qu'il y aura pénurie dans les magasins. Il y a de la marge : d'ordinaire, une pomme de terre française sur deux part à l'étranger.
Mais pour couronner le tout, les coûts de production ont bondi de 30%. C'est donc une évidence pour la filière : les prix vont augmenter pour les pommes de terre, les chips, les frites... Reste à savoir dans quelles proportions.
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