: Témoignage "Il ne faut pas nous laisser sur le bord de la route" : le cri d'alarme des agriculteurs qui refusent les restrictions d'eau face à la sécheresse
La météo historique en France a contraint la quasi-totalité des départements à instaurer des mesures restrictives en eau dans le secteur agraire. Wilfried Guignard, céréalier en Charente-Maritime, fait partie de ceux qui arrosent quand même.
Il faut apprendre à composer avec les restrictions d'eau... ou pas. Alors que les épisodes caniculaires se multiplient en France et que plusieurs arrêtés préfectoraux imposent des mesures drastiques pour le secteur agraire, certains exploitants ont du mal à respecter l'interdit.
Craignant pour sa production, Wilfried Guignard, éleveur et céréalier depuis 12 ans, continue à abreuver en eau ses parcelles. "Nous avons essayé d'irriguer un peu la nuit, même si on n'avait pas vraiment le droit. Nous n'avons pas non plus pompé des quantité d'eau énormes mais on en a juste pompé un peu la nuit... C'était pour essayer que nos productions soient rentables cette année", justifie cet agriculteur de Charente-Maritime.
Un secteur déjà touché par la hausse des prix
Sans eau, Wilfried Guignard risquait de perdre toute sa production et des sommes d'argent indispensables pour son entreprise, déjà fortement touchée par la hausse des prix. "Avec les charges qui sont très élevées cette année à cause du contexte géopolitique, on avait mis beaucoup d'argent sur les parcelles", raconte l'agriculteur.
"Une exploitation agricole, c'est une entreprise. Elle a des charges, il lui faut un certain chiffre d'affaires pour honorer ses emprunts et faire vivre sa famille."
Wilfried Guignard, agriculteur en Charente-Maritimeà franceinfo
Depuis des années, Wilfried Guignard ne cesse d'adapter son entreprise. L'agriculteur multiplie les efforts pour baisser sa consommation. "Avec des matériels plus économes en eau, on a essayé de tirer toutes les ficelles, assure-t-il. Mais on ne peut pas réduire indéfinitivement. À un moment, il faut qu'on puisse avoir accès à l'eau ! Il ne faut pas nous laisser sur le bord de la route."
"Cela fait 30 ans qu'on réfléchit"
Avec son association syndicale, le cultivateur a même proposé des solutions : "On veut monter des projets ! On a fait des études, ça fait trente ans qu'on réfléchit pour essayer de pomper de moins en moins dans la nappe l'été. C'est en trouvant des consensus qu'on avancera et non en interdisant tout."
Aujourd'hui, Wilfried Guignard dit avoir arrêté d'irriguer les cultures pour lesquelles c'était interdit. Il attend maintenant des solutions, notamment de la part des associations environnementales, principaux opposants à ses idées pour économiser l'eau.
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