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Vide sanitaire dans le Sud-Ouest : "S'il arrive une troisième épidémie de grippe aviaire, on ne s'en remettra pas"

Le vide sanitaire ordonné par le gouvernement commence ce lundi dans les élevages du Gers et de quatre autres départements du Sud-Ouest frappés par l'épizootie de grippe aviaire.

Article rédigé par franceinfo, Corinne Cutilla - Antoine Rolland
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Vide sanitaire dans les élevages de canards et les fermes du sud-ouest pour éradiquer la grippe aviaire. Ici, dans un élevage de canards de Sainte-Radegonde (Gers). (SEBASTIEN LAPEYRERE / MAXPPP)

Le Sud-Ouest se vide de ses palmipèdes, alors que le vide sanitaire de six semaines, décidé par le gouvernement, débute lundi 17 avril. 1 134 communes sont touchées sur cinq départements : Haute-Garonne, Gers, Landes, Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées. Objectif : tenter de juguler définitivement l'épizootie de grippe aviaire.

Dans le sud et l'ouest du Gers, les poules et les coqs sont confinés et aucun canard ne vient troubler le silence. Ici, on attend le redémarrage de la filière foie gras. "Du jour au lendemain, on ne voit plus rien, raconte David Lorenzo, gaveur à Sainte-Dode. Là, ça commence à repartir parce que les gens travaillent dehors. Le beau temps revient, la vie revient un peu".

Du jamais vu dans le Gers

Les bâtiments qui abritaient les canards sont vides, propres, nettoyés, décontaminés comme ceux de Laurent Peres, éleveur à Barcugnan : "Cette année, j'avais tout nettoyé mais, après le passage des services vétérinaires, un second nettoyage et une seconde désinfection ont été opérés par des entreprises assermentées, explique-t-il. Après, il y a eu une inspection pour savoir si on est apte à reprendre l'élevage, je peux reprendre mais, maintenant, il y a des dates à respecter."

Pendant les six semaines que durera ce vide sanitaire, soit jusqu'au 28 mai inclus, aucun canard ne rentrera au bercail. "Cela fait une trentaine d'années que je suis dans ce service, je n'ai jamais connu de crise comme celle-là, assure Philip Everlet, responsable de la filière avicole à la chambre d'agriculture du Gers. L'an dernier, la filière a décidé de mettre en place des mesures de sécurité, pensant se protéger, mais "manque de pot, on a un tueur de canards qui est arrivé", indique-t-il.

Les producteurs sont inquiets parce qu'ils se disent que, s'il arrive une troisième épidémie, on ne s'en remettra pas.

Philip Everlet, responsable de la filière avicole à la chambre d'agriculture du Gers

à franceinfo

Christophe Barrailh, le président du Cifog, le syndicat majoritaire de la filière foie gras, parle d'"opérations simples" comme "travailler le sol de ses parcours, chauler, nettoyer ses bâtiments, les désinfecter de manière renforcée". Tout est aux frais de l'éleveur et supervisé par l'administration. En cas d'échec, l'éleveur doit recommencer.

Le retour des animaux et le début de la production reprendront fin mai ou début juin car le virus de la grippe aviaire n'aime pas la chaleur. Les premiers abattages devraient avoir lieu autour de la mi-août et les consommateurs pourront consommer ce foie gras "dès septembre", indique Christophe Barrailh. 

Un pacte pour réformer la filière

L'ensemble de la filière avicole française, des banques aux coopératives en passant par les éleveurs et les transporteurs, a également signé un pacte, jeudi à Paris, dans lequel elle s'engage à réformer de fond en comble ses pratiques sanitaires pour éviter la répétition des épidémies aviaires qui menacent la pérennité de la filière foie gras, l'un des fleurons de la gastronomie française.

Cet accord prévoit d'abord une indemnisation des éleveurs pour faire repartir la filière. Le gouvernement et l'Union européenne vont ainsi débloquer une enveloppe de 140 millions d'euros. Il s'agit aussi d'améliorer les procédures d'alerte avec notamment la mise en place d'une cartographie des élevages et d'un plan d'urgence pour les professionnels mais dont les contours restent flous.

En quatre mois, quatre millions de volatiles ont été abattus en France, afin de ralentir la propagation du virus. Ici, à Latrille, dans les Landes, en janvier 2017. (LE LIEVRE NICOLAS / MAXPPP)

Enfin, pour éviter toute contamination en amont, la filière devra investir : construction de hangars pour confiner les volailles en automne lors du passage des oiseaux migrateurs et formation pour les transporteurs. Le ministère ne précise pas le coût de ces investissements mais les éleveurs promettent que, pour le consommateur, la répercussion sur le prix d'une tranche de foie gras sera infime.

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