: Vidéo Réduire les fuites d'azote ou changer de modèle agricole… quelles solutions au fléau des algues vertes ?
1971 : c'est l'année des premières "marées vertes" sur les plages d'Hillion, dans la baie de Saint-Brieuc. C'est aussi l'époque où la Bretagne s'engageait dans l'agriculture intensive, aujourd'hui accusée de faire proliférer les algues vertes qui polluent son littoral. Extrait d'une enquête d'"Envoyé spécial" par un enfant du pays.
Elles ont fait leur apparition sur les plages d'Hillion en 1971. Dans cette baie de Saint-Brieuc s'échouent la moitié des algues vertes qui polluent la Bretagne. C'est là qu'a grandi Clément Le Goff. Devenu reporter pour "Envoyé spécial", il est retourné sur les terres de son enfance pour enquêter sur un phénomène qui empoisonne les étés bretons.
Peu profonde, la baie offre des conditions propices à la prolifération des algues. Mais ce sont surtout le phosphore, émis par les activités humaines, et l'azote, issu de l'agriculture (principalement des déjections de porcs, le lisier, ensuite utilisé comme engrais), qui favorisent leur développement.
Un modèle agricole en question
Les années 1970, c'est aussi l'époque où la Bretagne s'est engagée dans l'agriculture intensive. Aujourd'hui, la région produit plus de la moitié des porcs français et un cinquième des vaches laitières. Mais sur la trentaine d'agriculteurs que compte la commune, Joseph Cabaret, aujourd'hui à la retraite, est le seul à l'affirmer : "On n'a pas notre part de responsabilité, on a presque l'entière responsabilité."
Tout le monde a un peu compris tout de suite qu'il y avait une corrélation : plus on mettait d'engrais, plus ça poussait dans les champs, plus ça poussait dans la baie !
Joseph Cabaret, agriculteur retraité"Envoyé spécial"
Chez lui, se souvient-il, l'arrivée des algues vertes il y a cinquante ans a provoqué "une remise en cause immédiate". Pour Joseph Cabaret, la question des algues vertes, c'est donc celle du modèle agricole. Il prône un "changement radical de logiciel" dont l'agriculteur sortirait le premier "grandi".
Quelles solutions pour réduire les fuites d'azote ?
L'un de ses voisins, Pierre-Yves Collet, vit mal les accusations contre sa profession. Lui ne cesse de réduire ses apports d'azote, en deçà de ce que la réglementation lui impose. Il a aussi augmenté ses capacités de stockage en lisier, réduit son champ de blé au-dessus de la plage, en y laissant une bande d'herbe pour absorber les potentielles fuites d'azote.
Ces efforts, réalisés par de nombreux d'agriculteurs, ont permis de diminuer la pollution des cours d'eau en Bretagne. Mais les algues vertes sont toujours là... et l'agriculture intensive sous pression.
Extrait de "Ma plage empoisonnée", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 9 septembre 2021.
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