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Vidéo Un éleveur dénonce Xavier Beulin, à la fois agro-industriel et patron de syndicat agricole

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La colère d'un éleveur contre Sanders et Xavier Beulin
La colère d'un éleveur contre Sanders et Xavier Beulin La colère d'un éleveur contre Sanders et Xavier Beulin
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Un éleveur criblé de dettes confie dans "Envoyé spécial" sa colère contre Sanders, filiale du groupe Avril. Et aussi contre Xavier Beulin, patron à la fois d'Avril et du principal syndicat agricole, la FNSEA. C'était peu de temps avant son décès. Extrait d'un "Document de Complément d'enquête".

Dans le Maine-et-Loire, près d'Angers, rencontre avec Philippe Grégoire, agriculteur depuis trente ans (syndiqué au Modef). En 2009, le cours du lait s'effondre et l'éleveur, en difficulté, demande conseil à son centre de gestion agricole. On lui envoie un expert Sanders. Cette société, spécialisée dans la nutrition animale, est une filiale d’Avril qui représente 20% du chiffre d'affaires du groupe présidé par Xavier Beulin, par ailleurs patron de la FNSEA, le principal syndicat agricole.

Pour augmenter la production, l'expert prescrit de compléter l'alimentation à base de maïs de ses vaches par des tourteaux Sanders. Les tourteaux Sanders : des concentrés de colza et de soja, que les ruminants dévorent comme des bonbons. "Ils sont aromatisés, ils mettent des parfums pour que ça ait bon goût, explique l'éleveur. Donc c'est comme un enfant avec des chocolats…"

Toujours sur les conseils de l'expert Sanders, l'éleveur achète un distributeur automatique de tourteaux à 12 000 euros... un self-service pour les vaches. C'est le début de l'engrenage. En 2012, le cours du lait baisse à nouveau de 4%, et le cours du colza monte de 17%. Les factures de tourteaux flambent : Philippe Grégoire confie dans "Envoyé spécial" sa colère contre Sanders. Et aussi contre Xavier Beulin.

"La dépendance à l'agroalimentaire a ruiné le monde paysan"

Pour lui, c'est évident : "Vous ne pouvez pas être représentant d'un syndicat, défendre des éleveurs, et en même temps être dans le commerce des aliments : il y a conflit d'intérêts. Il [Xavier Beulin] va orienter les agriculteurs pour faire tourner ses usines."

"Il [Xavier Beulin] dit toujours : 'On a trop de charges, en France.' Mais quelles charges ? Les charges, c'est ce que j'ai entre les mains, dénonce l'éleveur en montrant une poignée de granulés Sanders. C'est la dépendance à l'agroalimentaire qui a ruiné le monde paysan." Aujourd'hui, fini les aliments Sanders pour Philippe. Mais il lui reste à payer les arriérés de factures : 790 euros par mois pendant encore deux ans. A la fin du mois, il manque 4 000 euros pour vivre...

Extrait de "Xavier Beulin : le sillon d'une vie", un "Document de "Complément d'enquête" diffusé dans "Envoyé spécial" le 2 mars 2017.

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