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Christophe Castaner a montré une "prise de conscience politique", mais ses annonces sont un "saupoudrage", estime un expert des questions policières

Il manque une véritable doctrine des forces de l'ordre, a estimé lundi 8 juin sur franceinfo Sébastian Roché, directeur de recherche au CNRS, après le discours du ministère de l'Intérieur.

Article rédigé par franceinfo
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Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, lors d'une conférence de presse, le 8 juin 2020 à Paris (ISA HARSIN / AFP)

"On a une ligne de défense plus réaliste en disant : les problèmes existent, nous voulons faire quelque chose" mais les annonces restent "trop partielles", a estimé lundi 8 juin sur franceinfo Sébastian Roché, directeur de recherche au CNRS, spécialiste des questions policières et de sécurité. Il réagit au discours du ministre de l'Intérieur lundi, qui a clairement dénoncé le racisme chez des "brebis galeuses" au sein des forces de l'ordre, et a notamment annoncé des formations ainsi que l'abandon de certaines techniques d'interpellation.

Sébastian Roché souligne une rupture dans le discours du ministre. "Il y a l'idée de prise de conscience politique des problèmes de la police française et je pense que c'est un progrès." Mais dans le détail, ce spécialiste estime que les annonces sont "trop partielles" et qu'il n'y a pas eu de définition d'une véritable doctrine des forces de l'ordre.

Des annonces qui manquent "de cohérence"

"C'est un saupoudrage de mesures dont on ne voit pas la cohérence, poursuit Sébastien Roché. Et surtout, on ne va pas vers les grands standards des pays les plus avancés, qui est l'indépendance totale des mécanismes d'inspection, avec un rôle grandi aussi pour le Défenseur des droits dans le pouvoir de sanctionner." Le spécialiste des questions policières s'étonne par ailleurs que Christophe Castaner n'ait pas insisté sur le rôle de la hiérarchie. 

C'est le rôle des cadres de faire tenir les valeurs morales, il y a une nécessité de former les cadres et de les rendre responsable sur discrimination et la violence.

Sébastian Roché, directeur de recherche au CNRS

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Le chercheur regrette que les mécanismes de contrôles des forces de l'ordre restent aux mains d'organismes internes, comme l'Inspection générale de l'administration (IGA) et l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN), alors que "ces inspections n'ont pas fait de travail sur la connaissance de la discrimination, sur la connaissance de la violence par les policiers. Il n'y a aucun rapport qui a été rendu sur les questions de discrimination depuis dix ans".

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