Démission du général Pierre de Villiers : "C'est l'institution militaire qui a été humiliée"
Le général de division de l'armée de terre, Vincent Desportes, a réagi mercredi à la démission du général Pierre de Villiers. Selon lui, cette annonce a "cassé" le lien de confiance entre le président et l'armée.
Le chef d'état-major des armées Pierre de Villiers a annoncé, mercredi 19 juillet, avoir remis sa démission à Emmanuel Macron sur fond de désaccord concernant le budget de la Défense. Sur franceinfo, le général de division de l'armée de terre Vincent Desportes estime qu'il s'agit d'une "crise de confiance extrêmement grave" entre le président et l'armée.
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franceinfo : Vous parlez de la plus grave crise politico-militaire depuis 1961, pourquoi ?
Vincent Desportes : Absolument, il faut remonter au putsch des généraux de 1961 pour avoir une crise de ce niveau-là. Nous n'avons vu aucun chef d'état-major des armées démissionner. C'est une crise de confiance extrêmement grave entre le chef des armées et une armée qui est stupéfaite, sous le choc, parce que c'est le meilleur d'entre nous, un homme unanimement respecté et apprécié, proche de ses hommes, qui a été poussé à la démission pour une faute qu'il n'a pas commise, après avoir été humilié en public. C'est l'institution militaire qui a été humiliée à travers lui le 13 juillet au soir.
Quelles conséquences cette démission va-t-elle avoir ?
Le lien de confiance doit exister pour que les armées aillent, avec des moyens insuffisants, remplir leur mission. Ce lien est cassé. Les soldats ne vont plus croire à l'engagement de tous les jours au risque de leur vie qui est le leur. C'est tout à fait embêtant pour la défense de la France et de vos auditeurs.
Que doit faire Emmanuel Macron maintenant ?
Il va nommer très vite un successeur. Je rappelle qu'on est en guerre. On n'a jamais eu autant de soldats déployés depuis la guerre d'Algérie. Donc il faut bien un chef d'état-major des armées. Maintenant ça va lui prendre des mois et des mois, pour rétablir la confiance avec les armées. Et il ne suffira pas d'aller voir les armées sur le terrain pour le faire. Il a cassé quelque chose qu'il avait construit fort intelligemment, mais on s'aperçoit que ses démarches précédentes, c'était de la posture et cela, les soldats ne le supportent pas.
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