Les forces de l'ordre travaillent dans des conditions "déplorables", selon un rapport parlementaire
Une commission d'enquête, constituée pendant le mouvement des "gilets jaunes", dénonce la situation "dégradée" des policiers et gendarmes.
Des locaux "indignes", un parc automobile "vieillissant" et un "sentiment d'abandon" source de "frustration" : une commission d'enquête dénonce la situation "dégradée" des forces de l'ordre, dans un rapport révélé mardi 9 juillet par Le Figaro et consulté par l'AFP.
La commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur "les missions et les moyens des forces de sécurité" a procédé en deux étapes. Outre les traditionnelles auditions, dont celle du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, elle a lancé en juin une consultation à laquelle ont répondu 13 735 gendarmes, policiers nationaux et municipaux et réservistes.
Les deux auteurs du rapport, les députés Christophe Naegelen (UDI-Agir) et Jean-Michel Fauvergue (LREM), ancien patron du Raid, s'alarment en préambule d'une situation "critique de moyens maintes fois dénoncée". Franceinfo fait le point sur ce qu'il faut retenir de ces cinq mois d’immersion et 250 auditions.
22% d'immeubles vétustes
Quelque 60% des gendarmes ont déclaré ne pas être satisfaits de l'état de leur logement. "Nombreux parmi les femmes et les hommes qui servent dans la police ou la gendarmerie travaillent dans des conditions déplorables, générées notamment par la vétusté des bâtiments", dénonce Jean-Michel Fauvergue, constatant "un sentiment d'abandon".
Selon une étude de 2017, citée par le rapport, la direction générale de la police nationale comptabilisait 22% d'immeubles vétustes et 28% pour la préfecture de police. La situation n'est pas plus enviable pour les casernes domaniales de la gendarmerie, dont 80% ont plus de 50 ans.
Des véhicules vieillissants
Le rapport fait également état d'un parc automobile "vieillissant". Ainsi, l'âge moyen des véhicules de police est passé de 5,5 à 7,4 ans entre 2012 et 2018. Les véhicules blindés à roues (VBRG) de la gendarmerie mobile, régulièrement positionnés autour de l'Arc de triomphe pendant les manifestations de "gilets jaunes", ont, eux, 45 ans en moyenne.
Une "accumulation exponentielle du nombre d’heures supplémentaires"
La gestion des ressources humaines chez les policiers est qualifiée de "coûteuse et source de frustrations", avec une "accumulation exponentielle du nombre d'heures supplémentaires" : plus de 123 millions, soit 164 heures par agent, représentant 272,1 millions d'euros, selon un rapport sénatorial de juillet 2018.
Des tâches administratives chronophages
Enfin, le rapport épingle, sans surprise, la persistance des "tâches indues", comme la gestion des procurations électorales, évaluées à 8,7% de l'activité des policiers en 2018 (9% en 2017) et "l'alourdissement de la charge procédurale" avec une durée moyenne de 28 heures pour rédiger une procédure.
"La multiplication de tâches administratives toujours plus chronophages et complexes" nourrit la "frustration" des forces de sécurité, selon Jean-Michel Fauvergue.
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