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Monument aux soldats morts en opérations extérieures : "L’armée c’était sa famille, son métier c’était pour la France"

François Hollande inaugure mardi le lancement des travaux du monument aux soldats morts pour la France en opérations extérieures. Cette reconnaissance est attendue depuis longtemps par les familles. Franceinfo a rencontré les proches du sergent-chef Sylvain Lantenois, mort en Côte d'Ivoire.

Article rédigé par franceinfo, Sandrine Etoa-Andegue - Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Christiane (ci-contre) a perdu son mari en 2005. Sylvain, soldat du premier RPIMA de Bayonne, est décédé en Côte d’Ivoire, à l’âge de 34 ans. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

On les appelles les "Opex". Ils se sont engagés en Afghanistan, au Niger, en République centrafricaine ou au Burkina Faso... La cérémonie de lancement des travaux du mémorial en hommage à ces soldats morts pour la France en "opérations extérieures" a lieu mardi 18 avril à Parisen présence du président François Hollande et du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Le projet date de 2011 et la statue sera finalement érigée dans le parc André Citroën en mémoire de ces quelques 600 soldats, aviateurs et marins morts pour la France à l'étranger depuis 1963, dont huit soldats depuis 2015.

Pour les associations et les proches de ces soldats, qui disent souffrir d’un manque de reconnaissance, cette initiative était très attendue. Franceinfo a rencontré à Ondres, près de Bayonne, les proches de Sylvain Lantenois. Le militaire est mort à 34 ans en Côte d’Ivoire où la force militaire française Licorne était engagée.

Le reportage de Sandrine Etoa-Andegue

"Cet album, je l’ai découvert après son décès"… Chaque fois qu'il partait en mission, son mari prenait beaucoup de photos, nous montre Christiane. "Des photos de tous les pays où il est parti. Il y a des photos de chambrées où ils font les zouaves, et puis il y a des visages que je reconnais. Ça, ce doit être en Afrique", commente-t-elle.

Le 4 mars 2005, Sylvain a dit au revoir à Christiane et à leurs deux filles, Cassie et Aurore. Direction la Côte d'Ivoire cette fois. Le sergent-chef du premier RPIMA de Bayonne l'a promis, ce sera sa dernière mission après 14 ans d'engagement. "Il avait été très touché par son départ en Afghanistan, même pas deux mois avant. Il est reparti en côte d’Ivoire et il m’avait dit : ‘Pour l’année prochaine, ce sera une demande à la retraite’, se souvient Christiane. Le premier jour de son arrivée, il est décédé dans l’explosion d’un dépôt de munitions".

Pendant deux ans, Christiane "tient le coup". "Je ne laissais pas trop rien paraître, et puis après je me suis écroulée. J’ai été internée et après je suis devenue quelqu’un d’autre", explique-t-elle. Douze ans après, sa douleur est encore vive. Il était temps, nous dit-elle, que la construction du monument aux morts en opérations extérieures démarre. Une statue demandée depuis longtemps par les familles des soldats. 

Pour moi, c’est très important. L’armée c’était quand même sa famille. Son métier, c’était pour la France. Je pense que c’est très important pour que les enfants aussi, quand les papas sont décédés tôt, aient un repère et que les gens sachent quand même que ce n’est pas anodin. C’est un don de soi

Christiane, veuve de Sylvain Lantenois

à franceinfo

Sylvain Lantenois est mort en 2005 lors d'une opération extérieure en Côte d'Ivoire. (1er RPIMA DE BAYONNE / TOUS DROITS RÉSERVÉS)

Ce sacrifice est peu reconnu, regrette Ryan, ancien militaire et camarade de Sylvain. "C’est vrai que ça aurait pu être fait depuis longtemps. Dans ce pays malheureusement le militaire n’est pas mis en avant. Les entrainements sont difficiles, les missions sont de plus en plus difficiles et on est prêt à sacrifier nos vies pour notre pays", rappelle-t-il. "On peut partir en mission, on rentre, il n’y a pas d’applaudissements de la part des civils quand on arrive à un aéroport, comme au Canada, aux États-Unis ou ailleurs. Ça, moi je ne l’ai jamais vu et pourtant des missions je peux vous dire qu’on en a fait pas mal", souligne l’ancien militaire. "Quand les familles iront voir cette stèle, ils verront le nom de leur fils, de leur frère, de leur cousin, de leur ami et c’est important pour eux", poursuit-il.

Plus de 630 noms de soldats seront gravés sur cette statue. La plupart sont tombés en Afghanistan et au Mali. Après le centenaire de la Grande Guerre et les 70 ans de la Seconde Guerre mondiale, cette cérémonie lance une année mémorielle dédiée aux Opex. 

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