Mort au Mali, "le caporal-chef Maxime Blasco était en quelque sorte une légende" selon le général Jérôme Pellistrandi
Le rédacteur en chef de "La Revue Défense nationale" espère que "la Nation lui rendra l'hommage qu'il mérite".
"Le caporal-chef Maxime Blasco était en quelque sorte une légende", juge sur franceinfo le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de "La Revue Défense nationale". Selon ce spécialiste, "c'est un vrai héros qui est mort" vendredi 24 septembre au Mali, tué par un terroriste lors d'une opération dans une zone boisée. Il espère que "la Nation lui rendra l'hommage qu'il mérite".
franceinfo : C'est cela aujourd'hui la guerre au Mali, des face-à-face avec des terroristes à portée de vue sur le terrain ?
Jérôme Pellistrandi : Oui ce sont des actions ponctuelles qui sont préparées en amont par un gros travail de renseignement et d'identification. Ensuite, il faut aller traquer ces terroristes, c'est d'ailleurs le sens de la réorganisation de l'opération Barkhane, l'objectif c'est d'identifier, de traquer ces terroristes car ils créent un climat d'insécurité dans la région. On a besoin de toute une palette : ce groupe a été identifié par un drone, ensuite on a envoyé des hélicoptères de combat mais au final à un moment donné, il faut aller au contact. Il a été marqué par le décès du caporal-chef Maxime Blasco mais en même temps par la neutralisation de ce groupe terroriste.
En tant que général, voulez-vous aussi rendre hommage à ce soldat ?
Il y a beaucoup d'émotion car le caporal-chef Maxime Blasco était en quelque sorte une légende. Quatre citations, la reconnaissance des actions qu'il avait conduites auparavant sur ce théâtre, c'était un soldat extrêmement aguerri. Le Président de la République lui avait remis la médaille militaire ce qui signifie la très haute valeur. Hier c'est un vrai héro, anonyme pour l'opinion publique, qui est mort et j'espère que la nation lui rendra l'hommage qu'il mérite.
Qu'en est-il de l'état de la menace au Sahel ?
Globalement, la menace a été contenue et c'est le sens de la réorganisation de Barkhane. L'objectif n'est pas de quitter et de laisser ce territoire vide, il s'agit de mieux cibler les groupes terroristes, en liaison avec les pays de la région mais aussi d'affirmer que notre mission n'est pas d'assurer la souveraineté de ces pays. C'est notamment la problématique avec le Mali. La semaine dernière, on a appris la mort du chef de Daech au Sahel. Dans cette région, Daech est responsable du massacre de plus 3 000 paysans dans des conditions épouvantables. Donc cette neutralisation est un coup important mais il faut continuer cette lutte.
Voyez-vous Daech comme une hydre dont les têtes repoussent constamment et considérez-vous donc que ce n'est pas un coup si grave pour l'organisation ?
Il y a les deux à la fois. C'est un coup extrêmement grave parce que la personnalité du chef de Daech faisait qu'il contrôlait et qu'il pouvait exercer sa cruauté dans la région. Il faut poursuivre, identifier, cela passe par un travail de renseignement mais aussi par la coopération avec les autorités locales. On le pense au Niger, où les forces sont très présentes et travaillent à nos côtés. C'est un effort de la collectivité pour rétablir de la sécurité.
Vous parlez d'une réorganisation de l'opération Barkhane et pas d'un désengagement. Jusqu'à combien de temps la France va-t-elle mener des actions de terrain comme celles d'hier ?
Nous allons diminuer notre présence au sol avec notamment la fermeture d'un certain nombre d'installations au Mali. En revanche, nous montons en puissance au Niger et notamment à Niamey dont la base aérienne va devenir l'épicentre du dispositif. L'objectif est de se désengager sur certaines parties mais aussi de poursuivre le travail de coopération avec les armées régionales et la montée en puissance de la force Takuba, avec des forces spéciales de pays européens, qui va continuer ce travail au profit des autorités locales. Dans les mois à venir, nous allons continuer car il faut éradiquer cette menace. Il faut poursuivre la traque. Cependant, la sécurisation du territoire doit ressortir des armées locales. ll faut continuer à les former et bien entendu consolider les processus démocratiques de ces Etats. Il faut continuer à les aider et parallèlement il doit y avoir un processus de reconstruction de la gouvernance. C'est la raison pour laquelle la France est très sévère avec les autorités maliennes. Nous mettons la pression parce qu'elles doivent s'investir davantage et notamment pour cette reconstruction de l'Etat, des services public dans le nord. S'il n'y a pas cette présence de l'Etat malien à travers une administration, une justice, une police, de l'éducation, les efforts militaires faits par la France et ses partenaires, n'arriveront pas à réguler la situation.
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