Cet article date de plus de cinq ans.

Plan mixité dans l'armée : "Il faut montrer aux jeunes filles qu'elles sont tout à fait capables d'avoir leur place"

La ministre des Armées, Florence Parly, a présenté jeudi un plan pour féminiser davantage le recrutement des militaires. "C'est très bien de dire aux filles que finalement, c'est possible", explique à franceinfo une colonel de l'armée de terre.

Article rédigé par Nathalie Hernandez, Thibaut Cavaillès - Franck Cognard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
La colonel Anne a décrit son parcours au sein de l'armée de terre, le 7 mars 2019. (Thibaut CAVAILLES / RADIO FRANCE)

"Je pense que c'est très bien de favoriser, d'informer les jeunes filles, de leur dire que finalement, c'est possible", estime à franceinfo la colonel Anne*, alors que la ministre des Armées a présenté jeudi 7 mars un plan mixité. "Après, l'engagement dans l'armée reste toujours quelque chose de personnel, donc je pense qu'il faut inciter sans imposer. Mais c'est une très bonne chose de pouvoir informer et de montrer à des jeunes filles qu'elles sont tout à fait capables d'avoir leur place dans notre armée."

Selon cette militaire, "il existe beaucoup de choses mises en place pour leur permettre d'allier une vie de famille tout au long de leur carrière." Aujourd'hui, sur les 270 000 militaires et civils de la défense, 20% sont des femmes. Le plan présenté est censé élargir le recrutement féminin et permettre un meilleur déroulement de carrière.

"Je crois que, comme beaucoup de mes camarades militaires, j'ai tout simplement eu envie de servir mon pays. J'ai également eu envie d'allier une formation scientifique de bon niveau avec un commandement de personnes. C'est cet aspect humain qui m'a attiré, également le goût de l'aventure. J'étais sportive, donc j'ai été particulièrement attirée par l'armée de terre", relate la colonel Anne.

"Courage et ténacité"

Pour montrer qu'on peut être femme et faire une belle carrière militaire, il faut des exemples. En présentant son plan mixité, Florence Parly a cité Caroline Aigle, décédée en 2007, elle fut en 1999 la première femme pilote de chasse. "Le souvenir que nous gardons de son parcours, c'est avant tout celui de son courage, de sa ténacité, pour se faire une place dans un monde auquel il fallait prouver qu'un missile tiré par une femme avait la même puissance qu'un missile tiré par un homme."

Comment donner envie à une jeune fille de 17 ans de s'engager ? Comment attirer des femmes après leurs études ? Comment les convaincre d'exercer leur spécialité dans le militaire plutôt que dans le civil ? Il faut réfléchir aux épreuves physiques par exemple, estime le patron de l'armée de terre (11% de femmes), le général Bosser. Le célèbre parcours du combattant a par exemple été élaboré il y a 30 ans, pour une armée entièrement masculine : "La hauteur du mur ne tient pas compte de la hauteur moyenne des filles qui ont rejoint aujourd'hui l'institution."

Une réflexion est en cours sur les tests de condition physique. "On a beaucoup exigé, à l'entrée dans nos écoles, des niveaux sportifs extrêmement élevés. On a un peu oublié que finalement, le rôle des écoles c'est aussi d'apprendre à faire du sport et progresser", selon le général Bosser.

Assurer un bon déroulement de carrière

Pour faire changer des armées qui conjuguent mal le féminin, le ministère veut porter une partie de ses efforts à la fois à la base et en haut de la pyramide. La base, ce sont les écoles et les classes prépas, où il faut éradiquer une certaine culture misogyne, des affaires de harcèlement et de sexisme l'ont montré dernièrement.

En haut, il s'agit d'assurer aux femmes un déroulement de carrière d'officier similaire à celui des hommes. Le parcours pour devenir officier supérieur est très sélectif et très long (23 ans pour former un colonel, 30 pour un général). Souvent, après une ou des grossesses, les femmes dépassent les limites fixées en termes d'âge et d'expérience pour postuler à tel grade ou telle formation. L'amirale Anne de Mazieux, auteur du plan mixité, résume la situation : "Lorsque quelqu'un n'a pas franchi la bonne haie au bon moment, il est éliminé du parcours. Il s'agit donc de mettre en œuvre un certain nombre de mesures pour faire en sorte que, entre 30 et 40 ans, lorsque l'on est confronté à une situation familiale qui change, on accorde plus de souplesse pour pouvoir accéder aux plus hautes responsabilités."

Ce plan mixité compte 22 mesures. Certaines sont de fond (par exemple sur l'avancement), d'autres sont plus symboliques. Désormais, dans l'armée de terre, les coiffes féminines comporteront les galons. Cet affichage du grade, dans une institution hyper-hiérarchisée, était jusque-là réservé aux hommes.

*Son nom n'est pas cité à sa demande.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.