: Reportage "Détecter un ennemi", "faire une demande d'artillerie"... Dans le désert californien, l'armée française s'entraîne avec les armées anglo-saxonnes
À quoi ressembleront les armées de terre en 2040 ? Certainement beaucoup à celles d'aujourd'hui, en plus automatisées. C'est pour cette raison que les armées américaine, britannique, canadienne, australienne et néo-zélandaise, surnommées les "Five eyes", s'entraînent à faire fonctionner ensemble leurs systèmes d'armes les plus modernes. Durant le mois de mars, elles ont mené un exercice commun, baptisé Capstone 4, avec pour la première fois la participation de l'armée française.
Cet entraînement se déroule sur quelques collines abruptes, parsemées de petits buissons épineux, dans le désert Mojave, en Californie (États-Unis). Un drone de reconnaissance français est sur le point d'être lancé. "Il va se rendre sur sa zone de recherche pour pouvoir détecter un ennemi au sol, explique le capitaine Laure, du 61e régiment d'artillerie, en charge de l'image pour cet exercice. On transmettra ses coordonnées rapidement afin de le neutraliser via un tir allié ou via un tir français. On s'entraîne pour que ça puisse être n'importe lequel."
200 soldats français détachés
L'objectif est de faire communiquer tous les systèmes de repérage, de ciblage et les armements, tous différents d'un pays à l'autre, histoire de pouvoir combattre en coalition. D'habitude, ce rendez-vous militaire, Capstone 4, ne regroupe que les membres de l'alliance entre les États-unis, la Grande-Bretagne, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l'Australie. C'est donc la première fois que la France y participe.
"On avait quelques craintes parce qu'ils ont leurs réseaux et leurs habitudes de travail et nous, nous insérer là-dedans, on se demandait si ça allait fonctionner, admet le colonel Antoine de Labretoigne, qui commande le détachement français sur l'exercice. Force est de constater que ça marche" se réjouit-il. Près de 200 soldats français participent à cet exercice d'une durée d'un mois. Il y a notamment ceux de l'escouade de l'adjudant Timothée, qui a posé des capteurs déjà utilisés par les Britanniques notamment. "Les informations arrivent sur ma tablette. Il y a quelques minutes, j'ai fait une demande d'artillerie et ça peut être un canon des "Five eyes" qui va venir neutraliser l'ennemi sur cette position", éclaire-t-il.
Vers un fonctionnement beaucoup plus automatisé des armées d'ici 2040
Les armées en profitent pour se projeter sur le fonctionnement des armées à horizon 2040, qui sera beaucoup plus automatisé. Comme chaque système est développé par des opérateurs différents selon le pays, ils doivent pouvoir s'harmoniser et fonctionner ensemble dans le cadre d'une coalition. L'exercice porte ses fruits si l'on en croit le colonel Zachary Miller, en charge de la modernisation de l'armée américaine.
"L'année dernière, lors d'expérimentations similaires, nous avons souvent dû faire intervenir des personnels dans les processus, par exemple pour transférer des données d'un système à l'autre. Ce qu'on a réussi à faire notamment avec les Français, c'est d'éviter toute intervention humaine pour que les informations qui étaient générées par un système ou un autre puissent passer numériquement dans tout le réseau et arriver à leur terme", analyse-t-il, avant de rappeler que l'interopérabilité des systèmes est devenue indispensable. Le colonel Miller le confirme : l'armée américaine ne conçoit plus de partir au combat en opérations autrement qu'au sein d'une coalition.
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